Ce que l’inamovible Salah Goudjil veut faire du Sénat : le lapsus révélateur
Par Mohamed K. – Le président par intérim du Conseil de la nation multiplie les communiqués après la mini-tempête, vite étouffée, qui menaçait l’inamovible successeur d’Abdelkader Bensalah de perdre son confortable poste de président de la deuxième institution de la République. Les partis de l’ex-alliance présidentielle s’étaient, on s’en souvient, empressés de faire allégeance à Salah Goudjil après que des tentatives de «redressement» à l’intérieur de la chambre haute du Parlement eurent commencé mais sans aboutir à quelque changement.
Dans un dernier communiqué adressé à la presse, le Conseil de la nation annonce que le bureau de ce dernier, élargi aux présidents des groupes parlementaires, s’est réuni sous la présidence de son président par intérim, ce lundi, et que la réunion a été dédiée à l’élaboration du calendrier des séances publiques consacrées à l’exposition et à la discussion du plan de travail du gouvernement pour «l’exécution du programme du président de la République» et «l’adoption du plan du gouvernement».
D’aucuns diront que c’est une lapalissade. En effet, le Conseil de la nation suit une logique immuable depuis sa création, celle de valider toutes les décisions du gouvernement et de s’aligner imperturbablement sur les choix du pouvoir exécutif dont il a cautionné toutes les mesures, notamment sous le long règne de Bouteflika. Après la déchéance de celui-ci, le Sénat a nagé dans le sens du courant en applaudissant toutes les mesures décidées par l’ancien chef d’état-major de l’armée sans opposer aucune réserve, s’inscrivant machinalement dans le cours des événements voulus par les puissants du moment.
La question de la dissolution du Conseil de la nation s’est posée en même temps que celle d’organisations parasites dont l’existence n’a aucune utilité pour le citoyen. Certaines, comme le Conseil de la nation, grèvent le budget de l’Etat sans aucun intérêt, au point où un sénateur a admis que cette institution croupion n’a jamais servi à quoi que ce soit depuis qu’elle existe «et c’est tant mieux», avait-il argué, en expliquant que l’inertie du Sénat est synonyme de «stabilité politique dans le pays» (sic).
Le candidat malheureux à la présidentielle controversée du 12 décembre dernier avait intégré dans son programme électoral la dissolution définitive du Conseil de la nation. Ancien chef de gouvernement, on ne peut l’accuser de ne pas avoir mesuré la pertinence de la décision qu’il aurait appliquée s’il avait été élu.
M. K.
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