Combien de complices Mohamed Mokadem entraînera-t-il dans sa chute ?
Par Nabil D. – Le sulfureux directeur d’Ennahar TV a été placé sous mandat de dépôt tard dans la soirée d’hier. Il risque quinze ans de prison au minimum, au regard des chefs d’accusation pour lesquels il est poursuivi et qui le lient directement à ce qui est qualifié d’oligarchie actuellement emprisonnée pour les mêmes motifs. Le premier grief retenu contre Mohamed Mokadem est l’enrichissement illicite par l’obtention d’indus privilèges auprès de l’ancien cercle présidentiel. Si sa chute a tardé, expliquent certaines sources, cela ne voulait pas dire qu’il avait une chance d’échapper à la prison. «Ses frasques sont tellement nombreuses que l’Etat avait toute la latitude d’attendre le bon moment pour l’arrêter et le juger, et ce moment a coïncidé avec la montée en puissance des appels des citoyens à mettre fin à l’impunité de celui qui est qualifié de baron des médias», indiquent ces sources.
«Mohamed Mokadem subit ce qu’il a lui-même fait subir aux personnes qui ont été arrêtées et jugées dans le cadre de la chasse aux sorcières, lancée par l’ancien chef d’état-major de l’armée et qui se poursuit à ce jour», relèvent nos sources, qui en veulent pour preuve la manière dont les chaînes de télévision privées, «autrement dit les confrères du prévenu», braquent leurs caméras sur son transfert du siège du commandement de la gendarmerie au tribunal de Bir Mourad Raïs à l’intérieur d’un fourgon grillagé. «Une image qui rappelle celles que sa chaîne diffusait en boucle pour accabler ses anciens protecteurs», soulignent nos sources.
L’arrestation du «journaliste» Mohamed Mokadem n’a suscité aucun mouvement de sympathie au sein de la corporation. «Cela signifie que le patron de l’empire médiatique qu’il a construit grâce à sa collusion avec le système a depuis longtemps troqué son métier de journaliste contre les affaires et les intrigues», relèvent nos sources, selon lesquelles «la machine judiciaire et médiatique qui a été mise en branle contre lui affectera également d’autres éléments, dont des figures très présentes sur sa chaîne et qui pourraient soit être impliquées directement dans ses affaires, soit parce qu’elles se sont rendu complices de ses frasques financières en ne les signalant pas aux services concernés». Nos sources pointent du doigt, notamment, l’avocat de la chaîne qui n’est pas censé ignorer les magouilles de son employeur.
N. D.
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