Quand le Premier ministre marocain évoque l’Algérie comme «pays ennemi»
Par Mohamed K. – Dérapage, provocation ou déformation de propos ? Le Premier ministre marocain, Saâd-Eddine El-Othmani, a lancé une nouvelle pique contre l’Algérie, sans la citer nommément, dans une interview à un média marocain au lendemain de son récent déplacement en Ethiopie où il représentait le roi Mohammed VI à l’Union africaine. «Nous avons réussi notre mission à Addis-Abeba, puisque la déclaration finale n’a pas fait référence au Sahara marocain, et comme nous le savons tous, les ennemis de notre intégrité territoriale répètent que des pays n’ont pas reconnu le Sahara marocain, mais, en retour, un certain nombre d’entre eux ont ouvert leurs consulats à Laâyoune, ce qui veut dire qu’ils reconnaissent implicitement que le Sahara est marocain», a affirmé le chef de l’Exécutif marocain.
Cette déclaration coïncide avec une campagne acharnée des médias marocains contre le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, pour avoir renouvelé l’attachement de l’Algérie aux résolutions onusiennes s’agissant du conflit sahraoui. Certains de ces médias pro-Makhzen sont même allés jusqu’à menacer l’Algérie de soutenir le mouvement séparatiste MAK en accueillant des «réfugiés kabyles et touareg» (sic) sur le territoire marocain. «Voilà bien des armes que le Maroc pourrait utiliser», suggèrent certains à Rabat.
Selon des sources informées, cette agitation trouve son explication dans la décision du secrétaire général de l’ONU de confier le dossier sahraoui à l’ancien ministre slovaque des Affaires étrangères, Miroslav Lajcak. Le Makhzen n’a pas supporté qu’Antonio Guterres rencontre le diplomate chevronné à New York pour lui proposer le poste d’émissaire des Nations unies pour le Sahara Occidental en remplacement de l’Allemand Horst Köhler qui a jeté l’éponge en mai 2019, laissant le poste vacant depuis neuf mois. Nos sources indiquent que la piste Lajcak se confirme, en expliquant que les Marocains «sont furieux parce qu’ils n’ont pas été consultés, croyant détenir quelque droit de veto dans le choix du représentant de l’ONU pour le Sahara Occidental, alors que rien n’oblige le secrétaire général des Nations unies à consulter les parties au conflit dans ce cas d’espèce».
M. K.
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