De nombreux Algériens indignés par la réapparition honteuse du culte du cadre
Par Kamel M. – Réactions indignées sur les réseaux sociaux de nombreux internautes qui se sont dit «écœurés» par le retour du culte du cadre à M’sila, à l’occasion de la célébration de la Journée du chahid. Des responsables locaux et des associations inféodées aux structures archaïques du pouvoir, incarné par le FLN, le RND et leurs organisations satellites, ont, en effet, exhibé le cadre de l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd-Salah, lors d’une rencontre dans cette ville du sud-est du pays.
Pour rappel, le facteur déclenchant du soulèvement populaire qui a commencé le 16 février 2019 à Kherrata avant de s’étendre à tout le pays, une semaine plus tard, fut le rassemblement organisé par le FLN à la Coupole du complexe sportif Mohamed-Boudiaf, sur les hauteurs d’Alger, durant lequel le portrait de l’ancien candidat à sa propre succession avait été exhibé pour pallier l’absence du président-fantôme, incapable de se déplacer mais obligé par Gaïd-Salah à briguer un cinquième mandat avant de le sacrifier pour sauver le système. C’était l’offense de trop à l’égard d’un peuple qui avait, jusque-là, fait preuve de patience, en se contentant, au départ, de faire part de son opposition au maintien du Président impotent à travers des critiques et des commentaires, sans aller jusqu’à occuper la rue.
Mais le culte des fantômes demeure chevillé au corps de certains responsables qui continuent de commettre les mêmes stupidités, deux jours à peine après le discours d’Abdelmadjid Tebboune dans lequel il a mis l’accent sur la nécessité d’en finir avec le folklore lors des manifestations publiques et les déplacements des ministres et des walis sur le terrain. Le sermon du successeur de Bouteflika est, comme il fallait s’y attendre, entré par une oreille et sorti par l’autre.
Le culte de la personnalité a été institué par Abdelaziz Bouteflika et le système qui l’a porté au pouvoir pour entretenir l’illusion d’une immense popularité et assurer ainsi la pérennité du régime sous son règne aux conséquences dramatiques. Les Algériens ont découvert l’idolâtrie avec l’avènement de l’ancien Président dont les portraits géants hantaient villes et villages et le nom évoqué dogmatiquement par tous les hauts fonctionnaires de l’Etat, si bien que toute déclaration qui ne louangeait pas la «conduite éclairée de Son Excellence» était perçue comme une haute trahison. Un journaliste de la très officielle ENTV l’a appris à ses dépens pour avoir «omis» de prononcer l’incantation. Il sera limogé illico presto.
Les réflexes de la déification et du fétichisme sont tellement ancrés qu’ils ont de beaux jours devant eux.
K. M.
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