Les Emirats se proclament pionniers du nucléaire civil et snobent l’Algérie
Par Mohamed K. – Le régime émirati pavoise. Il se targue d’être le pionnier dans le domaine du nucléaire civil dans le monde dit arabe. «Une première dans le monde arabe : les Emirats entrent dans l’ère de l’énergie nucléaire», s’égosille-t-on à Abu Dhabi. «Les Emirats annoncent une réalisation historique qui n’a pas d’égale dans les pays arabes : les Emirats sont devenus le premier pays arabe à faire fonctionner des réacteurs nucléaires civils.» «L’Autorité fédérale de régulation du nucléaire a annoncé la délivrance de la première autorisation pour l’activation de la première unité de la centrale Baraka, premier projet nucléaire arabe pour la production de l’énergie pacifique», commente-t-on encore.
L’autorisation d’exploitation, qui court jusqu’à 2080, a été obtenue après 185 missions d’inspection et d’expertise et la signature de treize accords internationaux, précisent les autorités émiraties. Mohamed Ben Zayed, fier de ce que son pays soit «pionnier» dans ce domaine, a salué un «moment historique» et déclaré que les Emirats «vivent une nouvelle étape dans les efforts de développement avec l’établissement de la première autorisation pour la mise en service de la première station de la centrale Baraka d’énergie nucléaire pacifique, grâce aux compétences nationales. Nous irons de l’avant dans nos efforts en prévision des cinquante années à venir, et nos plans se poursuivront pour assurer nos besoins en énergie».
La centrale en question, construite par un consortium sud-coréen, couvrira 25% des besoins des Emirats en électricité et constituera 6% des sources énergétiques dans le pays, loin derrière le gaz et le pétrole qui occupent 82% dans ce secteur.
Ce que l’homme fort d’Abu Dhabi ne dit pas, c’est que son pays accuse un retard de plus de trois décennies sur l’Algérie, qui compte deux réacteurs nucléaires civils, Essalam à Aïn Oussera et Nour à Draria, depuis le lancement du programme au début des années 1980 déjà.
Ne s’arrêtant pas là, l’Algérie continue de considérer la production d’électricité d’origine nucléaire comme une priorité. Celle-ci «occupera une place de première importance dans la stratégie énergétique future du pays», a déclaré l’ancien ministre de l’Energie Mustapha Guitoune. «L’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire est un choix stratégique pour l’Algérie», avait-il affirmé pas plus tard qu’en février 2019 devant la commission des affaires économiques et de la planification à l’Assemblée populaire nationale.
L’Algérie planifie également de diversifier ses sources d’énergie afin d’assurer l’approvisionnement de ses besoins futurs. Elle y réfléchit depuis 39 ans.
M. K.
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