Constitution : le lapsus révélateur de Tebboune dans son interview au Figaro
Par Abdelkader S. – Abdelmadjid Tebboune a fait un lapsus révélateur dans son interview au quotidien français Le Figaro. Interrogé sur l’article 51 de la Constitution qui exclut les Algériens établis à l’étranger des fonctions supérieures de l’Etat, le Président a admis que celui-ci était injuste envers une catégorie d’Algériens qui ont le droit d’occuper des postes de responsabilité, en affirmant que l’article serait supprimé. Or, à une question précédente, Tebboune expliquait le processus complexe d’élaboration de la nouvelle mouture de la Loi fondamentale qui doit passer par le Parlement et un référendum.
Cette contradiction du chef de l’Etat signifie-t-elle que la Constitution est déjà prête et que sa soumission aux députés et au plébiscite n’est qu’une formalité sans aucune incidence sur l’ossature du texte fondateur de la «nouvelle République» ? Une erreur de communication qui n’est pas faite pour rétablir la confiance entre le pouvoir et les citoyens qui ont boudé la présidentielle du 12 décembre et ont toutes les chances de rééditer le boycott massif lors du référendum prévu vers le milieu de l’année prochaine, selon les prévisions d’Abdelmadjid Tebboune.
Le locataire du palais d’El-Mouradia avait précisé, à plusieurs reprises, que tous les articles de la Constitutions étaient éligibles à la révision, hormis ceux qui concernent l’identité et la religion. Sa révélation de ce mercredi porte à croire que la commission chargée d’élaborer le texte a reçu une feuille de route à partir de laquelle elle devra structurer la nouvelle mouture et que des lignes rouges lui ont été tracées par les tenants du pouvoir.
«Cet article (51, ndlr) va être changé», a tranché Tebboune avant même que le brouillon soit soumis aux parties concernées par sa lecture pour donner leur avis. «L’immigration d’origine algérienne à l’étranger a toute sa place ici, et nous œuvrons pour qu’il n’y ait plus de séparation entre les citoyens émigrés et ceux qui sont restés au pays. Ils ont les mêmes droits et possibilités», a-t-il décrété. Et d’ajouter : «Qu’ils soient momentanément ou définitivement à l’étranger, leur pays d’origine demeure l’Algérie, et ils y sont les bienvenus», avant de relativiser : «Certains postes, ultrasensibles, qui touchent à la sécurité nationale, ne peuvent être ouverts à n’importe qui.»
Il semble en aller de même pour l’ensemble des articles de la Constitution triturée plusieurs fois auparavant par le prédécesseur d’Abdelmadjid Tebboune après son adoption par le même Parlement qui a validé la version actuelle, pourtant jugée par le successeur d’Abdelaziz Bouteflika comme étant déséquilibrée et désadaptée car concentrant trop de pouvoirs entre les mains du président de la République au détriment des autres fonctions régaliennes.
D’aucuns diront qu’on n’en est pas à une contradiction près.
A. S.
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