Offensive médiatique tous azimuts : quel message Tebboune veut-il faire passer ?
Par Mohamed K. – Cette fin de semaine est marquée par une offensive médiatique du président Abdelmadjid Tebboune, qui multiplie les interviews avec des médias internationaux et les rencontres avec les représentants de la presse nationale. Une nouvelle vague de directeurs de journaux étaient conviés ce mercredi à se rendre à une résidence présidentielle, située à Hydra, pour enregistrer la seconde rencontre de Tebboune avec des journalistes locaux. Dans le même temps, le quotidien français de droite, Le Figaro, publiait une interview réalisée par la transfuge d’El-Watan, Mélanie Matares, et la chaîne de télévision russe annonçait la diffusion d’un entretien avec le successeur d’Abdelaziz Bouteflika.
Quel message Abdelmadjid Tebboune veut-il faire passer à travers cette présence médiatique ? Selon des observateurs avertis, le locataire d’El-Mouradia reprend la même recette que son prédécesseur qui avait, dès son avènement au pouvoir, accordé un grand nombre d’interviews à des médias étrangers, à la différence près que son successeur a associé la presse nationale à cette opération de «saturation» médiatique qui vise à contrebalancer les effets de l’offensive antipouvoir sur les réseaux sociaux qui gênent sérieusement les tenants du pouvoir dans leurs efforts pour regagner la confiance des citoyens.
Les sorties du nouveau Président coïncident avec un débat houleux sur le sort réservé par le pouvoir aux médias censurés, dont Algeriepatriotique, au moment où le ministre de la Communication, Amar Belhimer, affirme qu’aucun site électronique n’est interdit en Algérie, bien que lui-même ne puisse pas accéder à ces médias «récalcitrants» sans recourir à un VPN ou à un proxy Web. Cette contrevérité n’augure pas de jours meilleurs pour la liberté d’expression et d’opinion dans le pays, d’autant que l’opposition subit les mêmes entraves, en totale contradiction avec les assurances et les promesses de la nouvelle direction politique du pays.
Cette offensive médiatique intervient également à la veille du premier anniversaire du Hirak. Non représenté officiellement, le Mouvement de contestation pacifique, dont trois régions du pays – Kherrata, Khenchela, Mostaganem – proclament la paternité dans un esprit de concurrence militante, est devenu une marque de fabrique que plusieurs protagonistes se disputent, y compris le pouvoir qui a décrété le 22 Février Journée nationale de l’unité entre le peuple et son armée, dans un hommage posthume tacite à l’ancien chef d’état-major de l’armée dont l’esprit maléfique continue de hanter le pays plusieurs mois après sa mort, alors que ce samedi, des millions de citoyens, sans attache politique, vont célébrer l’An I du Hirak en rééditant la marche grandiose du 1er Novembre 2019.
M. K.
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