Détournement de la pub : un conseiller de Belhimer cible les fils de Gaïd-Salah
Par Nabil D. – Un conseiller du ministre de la Communication a affirmé, en marge de la rencontre sur la presse électronique, que le ministère était résolu à arrêter de distribuer indument la publicité institutionnelle aux journaux appartenant aux hauts fonctionnaires de l’Etat et aux membres du Parlement. «Le secteur (de la communication, ndlr) sera organisé et la publicité ira à ceux qui la méritent, elle n’ira plus ni chez les députés, ni chez les ministres, ni chez les généraux qui ont des journaux. Cela va changer radicalement dans cette période et sous l’ère de la nouvelle Algérie en laquelle nous croyons tous», a soutenu ce conseiller au micro d’une chaîne de télévision privée proche du pouvoir.
On ne sait pas quels titres vise le conseiller d’Amar Belhimer, mais il est de notoriété publique que les fils du général Gaïd-Salah ont créé un quotidien régional à Annaba sans aucune audience et bénéficient de trois pages de publicité pleines quotidiennement, depuis des années, par complaisance, pendant que des journaux autrement plus sérieux en sont privés. Le problème avait été soulevé il y a quelques années, mais les responsables politiques de l’époque avaient admis ne pas être en mesure de mettre fin à la rapine dans le secteur qui est devenu une source d’enrichissement illicite pour certains dignitaires du régime.
Un ancien responsable du secteur avait confié que la présidence de la République l’avait instruit de réduire le nombre pléthorique de journaux – près de 150 quotidiens – pour ne laisser sur le marché que les titres crédibles, mais ce dernier avait répondu que cela était impossible dans la mesure où un ancien officier du DRS était, dans le même temps, en train de créer des journaux dans l’ouest du pays sous des prête-noms pour capter l’argent de la publicité institutionnelle de façon détournée.
Ce procédé a été inauguré par le général Mohamed Betchine dans le milieu des années 1990. La loi portant monopole de l’Anep sur la publicité publique venait d’être promulguée et l’ancien conseiller politique de l’ex-président Liamine Zeroual s’était servi de cette loi pour engranger des bénéfices colossaux à travers deux journaux qu’il avait fondés dans ce but unique. Sous Abdelaziz Bouteflika, le frère du Président distribuait cette manne au prorata du degré d’allégeance des patrons des journaux dont les titres n’existent que par la grâce de la générosité et du bon-vouloir du pouvoir.
«Nous avons appelé ces gens-là les forces extra-journalistiques tout comme les forces extraconstitutionnelles qui ont accaparé le pouvoir en Algérie et qui ont transformé l’Algérie en une mascarade, il en est de même dans la corporation qui a été envahie par la mafia de l’argent et de la publicité et dont les membres sont devenus des magnats de la presse», a encore affirmé le conseiller du ministre de la Communication. «Nous nous efforçons d’organiser le secteur contrairement à ceux qui ont tout fait pour ne pas le réglementer afin de maintenir leur mainmise», a conclu le conseiller.
Le département d’Amar Belhimer joindra-t-il le geste à la parole ou n’est-ce là qu’un coup de bluff ? Nous le saurons dans les jours et les semaines à venir.
N. D.
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