«L’Amérique d’abord !»
Par Mrizek Sahraoui – Président démocrate ou républicain, le principe est immuable : «L’Amérique d’abord !» Le premier à avoir utilisé ce slogan, auquel s’est greffé au fil du temps : «Le reste du monde après», fut Andrew Jackson, 7e président des Etats-Unis d’Amérique. C’était en 1833, lors de sa campagne pour briguer un second mandat. Rien n’a changé depuis, pis, le slogan s’est banalisé, devenant une constante nationale plus ou moins pleinement assumée par les successeurs et les médias.
Depuis le 3 février dernier jusqu’au 16 juin de l’année en cours, l’Amérique est réglée à l’heure des primaires du Parti démocrate. Celles-ci sont très complexes comme le sont les Américains. Il faut, en effet, obtenir 1991 sur 3979 délégués pour espérer être investi et ainsi défier, en novembre prochain, le Président sortant, l’olibrius Donald Trump qui a passé, depuis son élection, plus de temps à jouer au golf et à tweeter qu’à rencontrer des chefs d’Etat étrangers, selon le Washington Post.
Pour l’heure, Bernie Sanders, 78 ans, est le grand favori de ces primaires. Quand les médias occidentaux dressent le portrait du sénateur du Vermont (nord-est des Etats-Unis), le candidat qui assume d’être socialiste et se dit anticapitaliste, l’on est gagné par l’envie de croiser les doigts et lui souhaiter bonne chance. On lui prête une volonté inébranlable de refermer la parenthèse Trump en novembre. Il dit avoir la ferme conviction qu’il en est capable et s’est fait fort de mettre «en place une coalition intergénérationnelle, multiraciale, qui ne va pas juste remporter le Nevada, mais qui va balayer le pays tout entier», a-t-il déclaré après avoir remporté le caucus éponyme.
S’il venait à passer le cap des primaires et venait à être élu en novembre face à Trump, Bernie Sanders, par son programme très à gauche, pourrait impacter la politique intérieure des Etats-Unis, un pays totalement divisé par un Président sortant clivant qui n’a eu de cesse de détricoter l’œuvre de Barack Obama accomplie après deux mandats laborieux. A l’international en revanche, alors 46e président des Etats-Unis, à l’évidence, il ne fera rien de plus qui soit différent par rapport à Donald Trump et ses prédécesseurs ; autrement dit, autre Président, mais mêmes mœurs et même paradigme pour la conduite de la politique étrangère des Etats-Unis, le gendarme du monde.
Le soutien indéfectible à Israël sera indéfiniment réitéré, la position des Américains vis-à-vis du conflit israélo-palestinien devra demeurer inchangée, d’autant que l’Iran sera toujours l’ennemi juré à abattre ; la Russie, l’ennemi à respecter, et le maintien de la guerre commerciale contre la Chine devra toujours figurer à l’ordre du jour. S’agissant des alliés, ce sera sans doute la même politique qui sera appliquée, laquelle a consisté, au moins depuis quinze ans, à placer l’Europe, désormais sans les Britanniques, aux marges du jeu et des relations internationaux.
La question syrienne et le dossier libyen, où l’Europe est littéralement absente, en sont la parfaite illustration.
M. S.
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