Nouvelle sérieuse détérioration dans les relations entre l’Algérie et le Maroc
Par Karim B. – Rien ne va plus entre Alger et Rabat. Si, du côté algérien, le chef de la diplomatie, Sabri Boukadoum, a préféré user d’un discours adroit et tempéré pour expliquer le malaise qui caractérise les relations tendues entre l’Algérie et le Maroc, en évitant de répondre aux propos provocants de son homologue marocain, du côté du Makhzen, l’heure est aux cris d’orfraie. La cause de cette crise diplomatique larvée entre les deux pays voisins : l’ouverture par un certain nombre de pays africains de représentations consulaires dans les villes sahraouies occupées.
Nasser Bourita n’y est pas allé avec le dos de la cuiller pour «dénoncer» la réaction hostile de l’Algérie à cette violation de la Charte de l’Union africaine et des résolutions des Nations unies concernant le dossier sahraoui. Il a accusé Alger, dans la posture victimaire habituelle de Rabat, de «se mettre en travers des opportunités de coopération et de dialogue dans les provinces du Sud marocain», entendre les territoires sahraouis occupés. Le ministre marocain des Affaires étrangères a fait cette déclaration lors de l’ouverture du consulat général de Djibouti à Dakhla, vendredi dernier.
Le chef de la diplomatie marocaine a carrément menacé l’Algérie, en affirmant détenir des «documents officiels» qui émaneraient de «l’Etat algérien voisin», lequel inciterait «des pays tiers au boycott du prochain Forum Crans Montana». Dans son emportement, Nasser Bourita a balayé d’un revers de la main tout effort de règlement du conflit sahraoui en soutenant que «le royaume [du Maroc] ne place jamais sa souveraineté sur [son] Sahara sur la table de négociations ou de tout autre processus», en martelant que «la dynamique de renforcement de la reconnaissance de la marocanité du Sahara suit son chemin». Nasser Bourita a annoncé, dans ce sillage, que «d’autres pays vont ouvrir prochainement leur consulat à Laâyoune et Dakhla et plusieurs échéances diplomatiques auront lieu dans ces deux villes».
Le Maroc multiplie les provocations après avoir tenté, en vain, au lendemain de la chute de Bouteflika, d’amadouer la nouvelle direction politique du pays. Mais les déclarations du président Abdelmadjid Tebboune, du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, et du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, renouvelant le soutien indéfectible de l’Algérie à la cause sahraouie et au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, ont fait voler en éclats les espoirs du Makhzen qui croyait pouvoir accélérer la «normalisation» avec son voisin de l’Est en surfant sur les changements qui s’y produisent.
Après les appels du pied et les discours mielleux, le naturel est revenu au galop, les autorités marocaines prouvant une fois de plus qu’aucune construction du Grand Maghreb, aucune relation apaisée et sincère entre les deux Etats pivots de l’Afrique du Nord et aucune solution pacifique pérenne au Sahara Occidental ne sont possibles tant que le régime monarchique de la famille prédatrice continue de régner sur un Maroc exsangue et au bord de l’explosion.
K. B.
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