La justice convoquera-t-elle le président déchu Bouteflika à la barre ?
Par Mounir Serraï – Les deux principaux prévenus du procès de l’argent de la campagne électorale et son lien avec le montage automobile mettent tout sur le dos du président déchu, Abdelaziz Bouteflika.
En effet, les deux anciens ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia ont bien remanié leur ligne de défense, en étant plus clairs et plus directs lors de ce procès en appel qui se déroule encore à la Cour d’Alger. Lors de leurs interventions, ces deux mis en cause ont affirmé qu’ils n’étaient que des «exécutants» de décisions prises par le président de la République. Ils ont mis en avant leurs attributions constitutionnelles qui se limitent à la coordination de l’action gouvernementale, sans avoir un réel pouvoir décisionnel. Ils ont fait état des dérapages du ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb mais ne pouvaient rien face à lui, qui bénéficiait de l’appui et du soutien de la Présidence.
«Je n’ai pas nommé ce ministre. J’ai demandé son limogeage à plusieurs reprises, mais je n’ai jamais eu de réponse. Je n’avais pas de pouvoir sur lui. Comment fallait-il faire pour le coincer, lui qui est nommé par décret présidentiel. Je ne peux signer de décret exécutif sans accord du Président», a précisé Abdelmalek Sellal.
De son côté, Ahmed Ouyahia a nié toutes les accusations, rappelant son rôle d’exécutant. «Je suis un exécutant. Mon rôle est d’encourager l’investissement», a déclaré devant le juge, soulignant que les avantages en question ont été accordés par la loi. Des textes de lois adoptés en Conseil des ministres puis par le Parlement et validés par le Conseil constitutionnel.
Les deux ex-Premiers ministres ont assuré que ces avantages sont les mêmes que les gouvernements successifs depuis 2000 ont accordés aux investisseurs d’autres branches et secteurs d’activités. De par leurs déclarations, les deux ex-Premiers ministres imputent la responsabilité des avantages accordés au secteur de l’automobile à Abdeslem Bouchouareb, qui était protégé par la présidence de la République. Ils ont indirectement appelé à convoquer à la barre le Président déchu et son frère conseiller.
Il est à rappeler que le frère cadet du président déchu, Saïd Bouteflika en l’occurrence, avait été ramené comme témoin lors du procès en première instance mais il avait refusé de parler. La justice va-t-elle le ramener une nouvelle fois ? Le Président déchu va-t-il être convoqué ?
M. S.
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