Pourquoi les députés ont voté contre la levée de l’immunité d’un ancien ministre
Par Nabil D. – Avec le refus de lever l’immunité parlementaire de l’ancien ministre Abdelkader Ouali, le divorce entre le ministre de la Justice et le Parlement est définitivement consommé. Algeriepatriotique annonçait dans un précédent article que les membres de l’Assemblée populaire nationale avaient retenu la leçon Baha-Eddine Tliba et n’allaient plus se plier aux désidératas du garde des Sceaux et des cercles au pouvoir qui poursuivent la chasse aux sorcières dans une série de procès qui ne font qu’aggraver la situation et plomber un climat des affaires morose.
Les députés refusent ainsi de continuer d’accorder un blanc-seing à Belkacem Zeghmati qui persévère sur la voie tracée par l’ancien chef d’état-major de l’armée, dont il était le fidèle exécutant, emprisonnant à tours de bras hommes d’affaires, hauts fonctionnaires de l’Etat, opposants politiques, simples citoyens embarqués pour avoir manifesté pacifiquement. Cette méthode brutale n’a permis ni de sauvegarder les entreprises des hommes d’affaires incarcérés ni de récupérer les sommes pharamineuses accordées aux accusés dans le cadre des lois en vigueur votées par les mêmes parlementaires et appliquées par les gouvernements successifs depuis vingt ans, comme l’ont souligné tous les ministres et Premiers ministres à la barre, hier et aujourd’hui.
Cette vague d’incarcérations abusives ayant touché des militants, des chefs de partis, des cyber-activistes, des manifestants, des journalistes et des artistes n’a, non plus, pas éteint la flamme du Hirak, plus que jamais déterminé à se poursuivre pour réclamer le changement radical du mode de gouvernance archaïque et l’avènement d’une nouvelle République fondée sur le droit et la justice sociale.
Nonobstant, les arrestations s’intensifient et les parodies de procès continuent de distraire l’opinion publique pendant que la crise politique s’enlise, que l’économie du pays coule et que la société est au bord de l’explosion en raison du chômage croissant, de la cherté de la vie et de l’absence de perspectives à court terme.
Le refus de lever l’immunité de l’ancien ministre des Travaux publics et des Ressources en eau résonne également comme un message à Abdelmadjid Tebboune qui s’apprête à faire voter la nouvelle Constitution, dont la première mouture devrait être ficelée dans quelques jours, selon un chargé de mission à la présidence de la République. Si la chambre basse du Parlement a adopté le programme du gouvernement après des critiques acerbes, il n’est pas dit que le Président soit assuré du soutien «aveugle» des députés qui savent pertinemment qu’en adoptant la nouvelle Loi fondamentale, ils se font harakiri.
N. D.
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