Le Front du Hirak accuse deux généraux et un média du pouvoir de manipulation
Par Nabil D. – Les animateurs du Front pacifique du Hirak populaire (FPHP) ont réagi à la contribution de Youcef Benzatat, en corrigeant l’appellation de l’organisation et en pointant une manipulation des services des renseignements et d’une chaîne de télévision inféodée au pouvoir.
Accuser le FPHP de «faire le jeu du système» est «non seulement injuste mais dénué de tout fondement», rétorquent ces militants du Hirak, qui expliquent que le FPHP «a été lancé le 1er mars par des citoyens sincères, engagés, qui veulent mettre le pouvoir au pied du mur, en lui soumettant une plateforme citoyenne dont l’objectif unique est d’aller vers une transition politique qui nous mènera droit vers la seconde République sur la base de négociations claires entre les détenteurs du pouvoir réel et les représentants du FPHP».
«Ce Front est composé essentiellement d’enseignants universitaires, à l’instar de Sofiane Sakhri et Anis Aylil, et de syndicalistes comme Lyes Mrabet. Il tire sa substance du Hirak mais ne parle pas au nom du Hirak», précisent les animateurs de ce mouvement, selon lesquels le Hirak «est une structure horizontale de revendications populaires qui ne peut pas et ne veut pas avoir de représentants dans le contexte actuel». Ils expliquent que les représentants du FPHP ont loué une salle privée à Alger pour tenir leur premier meeting. «Surprise, l’autorisation leur a été accordée pour laisser croire que le pouvoir est enclin à lâcher du lest et à démontrer sa bonne volonté de transiger avec des représentants, même officieux, du Hirak qu’il a qualifié de béni par la bouche de son Président», notent les animateurs du FPHP, en ajoutant qu’El-Bilad TV, «qui est la chaîne officielle de la Présidence, supplantant Ennahar TV, a couvert l’événement en question».
«C’était sans compter sur le machiavélisme du système et de ses outils de propagande qui n’en sont pas à leur premier tour de passe-passe», dénoncent-ils, en soulignant qu’El- Bilad TV, la «chaîne de la honte», comme ils l’ont qualifiée, a montré en gros plan une intervention de Sofiane Sakhri, un «professeur d’université talentueux» et que, «juste après, la chaîne a montré en gros plan également Noureddine Ayadi, alors chef de cabinet de Tebboune, donnant l’impression que les deux hommes participaient ensemble au même événement». «L’image subliminale consistait à passer le message que le FPHP travaillerait pour le pouvoir, ce qui tendrait à le discréditer aux yeux du Hirak», dénoncent les animateurs de ce front qui accuse ouvertement les généraux Bouazza et Lachekham d’avoir orchestré cette manipulation à travers leurs moucherons pour «semer le doute dans l’esprit du Hirak» dont «beaucoup [de membres], par ignorance des faits, s’en sont pris à ces militants honnêtes, les qualifiant de nervis du pouvoir».
Sur la question de la représentativité du Hirak, les animateurs du FPHP attirent l’attention sur la manière avec laquelle «le pouvoir agit avec n’importe quelle tête qui dépasse». «Son objectif est de discréditer tout le monde pour qu’à la fin le Hirak, par lassitude, se dise : ils sont tous pourris, autant vivre sous la botte de la vermine actuelle. Voilà comment le pouvoir tente de se régénérer. Voilà pourquoi le Hirak doit continuer», concluent-ils, en prenant l’opinion publique à témoin et en l’invitant à «visionner les vidéos de Sofiane Sakhri sur YouTube qui explique ce qui s’est réellement passé».
N. D.
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