Affaire Tabbou : le verdict pour le 11 mars après un procès de 19 heures
Par Mounir Serraï – De tous les détenus du Hirak, Karim Tabbou est celui qui a eu le procès le plus spectaculaire et le plus long. Du 4 mars à 9 heures du matin au 5 mars à 4 heures du matin. En tout, 19 heures de procès. Un procès marqué une forte mobilisation des militants du mouvement populaire pacifique pour soutenir Karim Tabbou et exiger sa libération comme ils l’ont fait pour les autres détenus d’opinion.
Le verdict est fixé pour le 11 mars. Le parquet a requis 4 ans de prison ferme et 200 000 DA d’amende contre Karim Tabbou poursuivi pour atteinte à l’unité nationale, même chef d’inculpation pour lequel était poursuivi Fodhil Boumala, relaxé la semaine dernière.
Karim Tabbou a affirmé devant la juge qu’il a été arrêté et déféré devant le tribunal parce qu’il est un homme politique, opposant et très critique vis-à-vis du pouvoir en place. Il a rappelé qu’il fait partie des rares hommes politiques qui ont été contre le premier, le deuxième, le troisième, le quatrième et le quatrième mandats bis de Bouteflika. Il souligne également avoir le droit en tant homme politique de critiquer un responsable même s’il est au sommet du pouvoir.
«Gaïd-Salah a impliqué directement l’armée dans le jeu politique dès lors qu’il enchaînait les discours politiques à partir d’une caserne. Moi, je suis un homme politique, c’est mon droit le plus absolu de critiquer son attitude», a-t-il répondu à la juge. Cela avant d’enchaîner en précisant : «La défense nationale n’est pas une affaire exclusive de l’armée, des militaires ou des généraux.» «La défense nationale, Madame la juge, c’est vous, moi et tous les Algériens. La défense nationale est l’affaire de tout un peuple dont l’armée est une partie intégrante», poursuit-il, refusant qu’on mette en doute son nationalisme, son patriotisme et en amour de l’Algérie.
Très engagé dans le Hirak depuis le 22 février, Karim Tabbou a été arrêté une première fois et placé sous mandat de dépôt le 12 septembre. Après deux demandes de liberté provisoire, Tabbou a fini par être remis en liberté le 25 septmbre. Une remise en liberté qui a duré moins de 24 heures puisque le lendemain matin, Karim Tabbou a été arrêté et déféré devant le juge pour d’autres chefs d’inculpation que l’atteinte au moral des troupes de l’armée.
M. S.
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