55e vendredi de marche : les manifestants refusent le «fait accompli»
Par Mounir Serraï – Pour le 55e vendredi consécutif, les Algériens continuent de manifester pour le changement radical du système politique. A Alger, des dizaines de milliers de manifestants ont investi le centre-ville pour exprimer leur rejet de l’agenda du pouvoir dont ils voient «une tentation de régénérer le système sous un nouveau visage».
De la rue Didouche-Mourad à Place Audin, de la rue Asselah-Hocine à la Faculté centrale, en passant par la Grande Poste, les manifestants brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire «Système dégage», «Koulna tarahlou (on a dit que vous partiez)» ou encore «Un peuple uni ne sera jamais vaincu». Le slogan fétiche du Hirak, à savoir «Dawla madania (Etat civil)» continue également à résonner dans les rues d’Alger et ailleurs.
«Libérez Tabbou, libérez Tabbou», «Echaâb yourid istiklal (le peuple veut l’indépendance)» ou encore «H’na wlad Amirouche marcha arrière manwellouch, djaïbine, djaïbine el-houriya (nous sommes les enfants d’Amirouche, nous ne faisons pas marche-arrière, nous allons arracher notre liberté», scandent également les manifestants. Plusieurs figures en vue du Hirak sont sorties manifester, à l’instar de l’ancien commandant de l’ALN Lakhdar Bouregâa et de Fodhil Boumala qui a amené avec lui les enfants de Karim Tabbou.
«Nous continuerons à manifester jusqu’à ce que nous arrivions à démanteler totalement le système actuel et construire une Algérie nouvelle sur des bases démocratiques et sociales. Nous ne pouvons nous arrêter au milieu du chemin. La démocratie et la liberté ne s’offrent pas, elles s’arrachent et nous sommes déterminés à le faire», lance un manifestant venu de Bab El-Oued.
La mobilisation a été au rendez-vous dans les autres villes du pays, comme Oran, Sidi Bel Abbès, Constantine, Jijel, Bordj Bou Arréridj, Bouira, Tizi Ouzou et Béjaïa. A Boumerdès, les manifestants se sont heurtés à un dispositif policier répressif. Plusieurs manifestants ont été tabassés à coups de matraque et blessés. La répression de cette marche semble être liée au déplacement de nombreux manifestants qui marchent habituellement à Alger afin d’impulser à nouveau le Hirak dans cette ville.
M. S.
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