Le pétrole à 32 dollars : début de mandat calamiteux pour Abdelmadjid Tebboune
Par Nabil D. – Chute brutale des cours des hydrocarbures sur les marchés mondiaux. Une baisse vertigineuse de 30% en quelques jours sème la panique dans les pays producteurs et intervient dans un contexte difficile marqué par des guerres et des crises politiques internes à n’en plus finir. En Algérie, la situation financière et économique, déjà chancelante, risque de connaître une détérioration rapide, selon les experts qui craignent un profond malaise social dont les ingrédients sont déjà perceptibles.
«L’avènement d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir n’est en rien similaire à celui d’Abdelaziz Bouteflika en 1999», relèvent des sources informées. «Après les catastrophes naturelles, le séisme de Boumerdès et les inondations de Bab El-Oued qui avaient fait de nombreuses victimes, le nouveau Président à l’époque avait fini par obtenir la baraka avec la montée en flèche des prix du pétrole et du gaz qui lui avait permis d’acheter une paix sociale qui aura duré jusqu’à 2011 avant que le printemps arabe menace pour la première fois le trône de l’ancien président-roi», rappellent ces sources. «Mais la manne financière a été dilapidée et mal exploitée par manque de maîtrise et de compétence de celui qu’on présentait comme un homme d’Etat mais qui n’était, en fait, qu’un homme de sérail qui était inapte à gérer les affaires économiques mais qui, pourtant, imposait ses décisions à des exécutants obéissants à tous les niveaux de l’administration», regrettent-elles.
«Le nouveau Président, qui souffre d’un manque cruel de légitimité, est non seulement confronté à un mouvement de contestation populaire de nature politique, mais il devra faire face à la rareté des ressources financières une fois que les quelques milliards de réserves de change qui restent dans les caisses auront tari, sachant que le prix de référence pour un très relatif équilibre budgétaire est fixé à 37 dollars», prédisent ces sources. Ces dernières ne voient pas comment Abdelmadjid Tebboune pourra «affronter une explosion sociale au cas où les produits de première nécessité venaient à manquer», s’inquiètent ces sources pour lesquelles «le temps de l’achat de la paix sociale est révolu avec l’éveil des citoyens qui manifestent pour un changement du système mais dont la revendication politique pourrait basculer pour devenir une demande sociale pressante à laquelle le pouvoir ne pourra assurément pas répondre faute de moyens».
«Si Bouteflika a su éviter de subir le sort de Ben Ali, Moubarak, Kadhafi et Salah après les soulèvements violents de janvier 2011, c’est grâce à l’aisance financière qui avait permis une amélioration substantielle des conditions sociales de nombreux Algériens avec l’augmentation des salaires, l’accélération des programmes de logements sociaux et une certaine abondance», soulignent nos sources. «Abdelmadjid Tebboune démarre son quinquennat en étant dépourvu de cet avantage qui aurait pu le servir pour amorcer un véritable virage dans l’approche économique définitivement éloignée de la dépendance aux hydrocarbures qui n’a pas reculé d’un millimètre en vingt ans de règne de Bouteflika qui s’enorgueillissait de vouloir refonder une industrie jadis florissante mais détruite après la mort de Boumediene», expliquent nos sources.
«Tout est à refaire mais les conditions nécessaires à ces réformes profondes manquent au successeur de Bouteflika qui commet les mêmes erreurs que son prédécesseur», font remarquer nos sources qui considèrent que Tebboune «se trompe en croyant qu’en s’empêtrant dans une approche populiste, il pourrait sortir le pays de l’ornière de la stagnation, voire de la régression».
N. D.
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