Un ex-espion révèle comment la France a ouvert ses portes au GIA et au GSPC
Par Nabil D. – Un élément important dans le livre d’un ancien officier du contre-espionnage français qui concerne l’Algérie est passé inaperçu. Dans son ouvrage intitulé Les Guerres de l’ombre de la DGSI, plongée au cœur des services secrets français, paru en avril 2019 aux éditions Nouveau Monde, Alex Jordanov indique qu’un théoricien d’Al-Qaïda avait été recruté dans une société pétrolière dans le sud de l’Algérie. «D’après les policiers, l’idéologue du groupe Mohamed Niaz a senti le vent tourner. Les nouvelles ou plus exactement le manque de nouvelles depuis plusieurs mois de ses poulains envoyés au Pakistan le fait réfléchir. Il a en parallèle fait une demande de visa pour les Etats-Unis et fait des recherches pour trouver un emploi à l’étranger. Il reçoit, d’ailleurs, un contrat de travail d’une compagnie pétrolière en Algérie», révèle l’auteur.
Selon Alex Jordanov, les chefs djihadistes qui sévissent dans la banlieue parisienne de Trappes seraient des transfuges des groupes islamistes armés en Algérie. «En France, écrit-il, des anciens du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), du GIA, les anciens des années de sang en Algérie vont se retrouver et se réinventer à Trappes. Faire des petits, voir plus grand et se muer au fil du temps en Al-Qaïda (AQMI) et plus tard fournir le plus grand nombre de combattants originaires d’une ville française à l’Etat islamique (Daech).»
Selon un spécialiste de la question, interrogé par l’auteur du livre, Trappes est une «grande ville dortoir» qui a une «longue histoire» et «des liens étroits avec le GIA et le GSPC algériens». «Safé Bourada, [le chef d’une cellule terroriste], a trouvé à Trappes un terreau et un public réceptif à son discours djihadiste. Nombre d’anciens du maquis algérien sont installés là et ont transmis leur savoir aux plus jeunes. Au départ, Trappes n’est pas plus djihadiste qu’une autre ville nouvelle. C’est l’élément GSPC algérien présent depuis les années 90 qui a favorisé le développement et la transmission d’idées djihadistes aux jeunes générations.»
Au printemps 2005, révèle encore Alex Jordanov, «une vidéo est arrivée d’Algérie, une sorte de film de propagande qui, visiblement, enflamme les soldats du groupe de Trappes. Certains membres du cercle élargi viennent de loin pour la visionner. De Mantes-la-Jolie, Dreux, Montargis».
Les services du contre-espionnage français, DST et DGSI, n’ont eu de cesse d’alerter les autorités politiques sur la menace que faisait peser sur leur pays la collusion entre le Parti socialiste dirigé par François Mitterrand et les extrémistes religieux du FIS en Algérie, parfois par l’entremise de l’Internationale socialiste à laquelle appartient le parti de Hocine Aït Ahmed, à ce jour fervent défenseur du FIS. Mais les avertissements des renseignements français n’ont pas été pris au sérieux et la conséquence en fut une série d’attentats terroristes meurtriers qui ont débuté au milieu des années 1990 et qui se sont poursuivis jusqu’à une date récente, faisant des centaines de morts et de blessés.
N. D.
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