Crise libyenne : qu’est-ce qui a retardé la nomination de l’Algérien Lamamra ?
Par Nabil D. – La désignation de Stephanie Turco Williams par l’ONU en Libye a semé la confusion et fait dire à certains que l’information révélée par Algeriepatriotique était fausse. Pourtant, le communiqué du porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres est on ne peut plus clair. «Le secrétaire général des Nations unies a annoncé aujourd’hui la désignation de Stephanie Turco Williams, des Etats-Unis, comme son Représentant spécial par intérim et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul)», est-il précisé. Il s’agit donc d’une désignation provisoire en attendant de nommer le remplaçant définitif de Ghassan Salamé, qui a fini par jeter l’éponge à cause des nombreuses interférences et de l’impossibilité d’aboutir à un accord entre les belligérants en Libye.
La question se pose, néanmoins, de savoir pourquoi le choix du successeur du diplomate libanais a été retardé. Nos sources étaient, en effet, affirmatives et tout indiquait que l’ONU a jeté son dévolu sur l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. La crise libyenne étant complexe et impliquant de nombreux protagonistes étrangers, notamment la Turquie et les Emirats qui se livrent une guerre par procuration sur le riche sol libyen, tout porte à croire que des tractations serrées ont lieu dans les arcanes de l’ONU et que la nomination du diplomate algérien chevronné affronte quelque résistance.
Le porte-parole de l’ONU ne précise pas jusqu’à quand court l’intérim de l’Américaine Stephanie Turco Williams, mais il semble bien que Washington ait décidé d’imposer l’ancienne chargée d’Affaires à l’ambassade des Etats-Unis à Tripoli en attendant que les différends soient aplanis et que les parties qui semblent s’opposer à la désignation du diplomate algérien adhèrent à ce choix que la majorité des pays juge «judicieux». En effet, il faut rappeler que l’ancien chef de la diplomatie algérienne avait joué un rôle central dans le rapprochement des points de vue en Libye dans le cadre du dialogue interlibyen qu’avait abrité l’Algérie sous les auspices de Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel.
L’Algérie se prépare, d’ailleurs, à accueillir une conférence sur la Libye vers le mois de juillet. L’intérêt porté par les puissances mondiales à la médiation algérienne a été fortement souhaité lors de la rencontre de Berlin où décision avait été prise de confier à l’Algérie la gestion de ce dossier complexe que la communauté internationale n’arrive pas à résoudre en raison des nombreuses ingérences et de la complexité de la société libyenne, marquée par un ascendant tribal sur la décision politique, d’où la difficulté à faire se réconcilier les frères-ennemis.
N. D.
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