Le film Hamel pour amuser la galerie en attendant les autres bêtes de foire
Par Mohamed K. – Les médias pro-pouvoir s’en donnent à cœur joie. Du pain béni en ces temps de disette en matière de scoops et de faits divers, sources de grande audience. Le procès de l’ancien directeur général de la Sûreté nationale, qui se tient actuellement au tribunal – devenu mythique – de Sidi M’hamed, est l’occasion de «montrer le degré de pourriture du système Bouteflika» à travers un de ses «symboles ripoux» qui détient plus de vingt comptes bancaires et a raflé logements, villas et terrains à bâtir indument durant sa longue carrière de commis de l’Etat dans les corps constitués que sont la gendarmerie, la Garde républicaine et la police.
Les médias qui couvrent les minutes de ce procès décrivent un Abdelghani Hamel jadis puissant, tantôt en pleurs, tantôt suppliant le juge. Une façon d’humilier celui qui, comme il le dit lui-même, a représenté l’Algérie dans de nombreux pays et où il a été décoré au nom de l’Etat qu’il représentait. «Mais le problème n’est pas là, objectent des sources informées, le problème réside dans le fait que les chefs d’accusation pour lesquels l’ancien patron de la police est jugé concernent l’écrasante majorité de hauts fonctionnaires, qu’ils soient civils ou militaires, qu’ils aient été limogés, emprisonnés ou qu’ils soient encore en fonction».
En effet, expliquent ces sources, «ces pratiques honteuses qui ont toujours consisté à considérer la fonction comme un moyen d’accaparer des biens et de s’enrichir par des moyens détournés dans un système contagieux qui a relégué la morale et l’éthique au second plan sont monnaie courante, et si on devait juger les auteurs de ces forfaits, les coupables feraient la chaîne devant les magistrats, eux-mêmes touchés par cette gangrène». «Les tenants du pouvoir se servent de quelques-uns de ces anciens nababs comme des bêtes de foire pour amuser la galerie et occuper l’opinion pendant que la rapine se poursuit», soulignent ces sources qui ne voient pas comment toute cette mise en scène va se terminer.
«Les espoirs des Algériens se brisent au fur et à mesure que le temps passe et qu’aucun signe ne vienne rassurer quant à l’éradication de ce système qui a conduit le pays à sa perte et continue de résister pour autant», regrettent ces sources, selon lesquelles «le changement doit venir des institutions elles-mêmes, à commencer par la justice qui devra s’affranchir de la tutelle du gouvernement, en procédant, d’abord, à un grand nettoyage en son sein pour pouvoir regagner la confiance des citoyens et juger sereinement et conformément à la loi et non plus sur injonction». «Abdelghani Hamel ne s’est-il pas targué devant le juge d’avoir été le premier à avoir dénoncé la corruption ?» s’interrogent ces sources qui rappellent que son limogeage a fait suite à une bataille à fleurets mouchetés entre les différents services de sécurité qui révélait au grand jour le degré de pourrissement au sein des institutions de l’Etat.
M. K.
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