Elections municipales en France avec en toile de fond un virus de plus en plus meurtrier
Par Mrizek Sahraoui – Les Français sont appelés, ce dimanche, à élire leurs maires. Le président Macron a décidé de maintenir les élections municipales, prenant le risque d’une abstention record. Dans son allocution télévisée de jeudi dernier, Emmanuel Macron avait indiqué que rien ne s’oppose au maintien des élections et qu’aller accomplir le devoir électoral ne présente, selon lui, aucun danger particulier. D’aucuns y voient dans la décision du chef de l’Etat un coup de poker qui ne serait pas forcément gagnant, dans la mesure où le risque zéro n’existe pas dans pareilles circonstances, s’accompagnant toujours d’une part d’incertitude, qui plus est, la France étant entrée depuis hier dans la phase 3 de la pandémie. Certains observateurs de la vie politique française s’accordent à pointer une mauvaise appréciation de la situation de la part du Président, amenant six présidents de régions à réclamer ouvertement le report de ces élections qu’ils estiment faussées d’avance.
Même si pour l’heure les médias n’ont pas encore évoqué le sujet et chacun est invité à la solidarité nationale, à faire montre de civisme, bien que dans certaines régions des rayons de supermarchés aient été pris d’assaut, beaucoup ne comprennent pas néanmoins cet entêtement à vouloir organiser, en dépit du simple bon sens, un scrutin tandis que le Premier ministre a déclaré, dans la soirée de samedi, renforcer le dispositif de lutte déjà mis en œuvre, d’autant contraignant que nécessaire, contre le coronavirus, tout en soulignant avec gravité le danger qui couve.
La crainte, désormais palpable à la suite des nombreuses déclarations des spécialistes et du directeur général de la santé publique, appelant à plus de vigilance car la pandémie en France s’est installée et se propage de façon vertigineuse, l’appréhension donc serait que les électeurs préféreraient se confiner afin d’éviter une éventuelle contamination au lieu d’aller voter. Se pose également l’épineuse question au sujet de l’organisation du second tour, prévu le 22 mars prochain, c’est-à-dire au moment, selon les médecins, où la pandémie du Covid-19 devrait s’accélérer pour atteindre son pic une à deux semaines plus tard.
D’un côté, voilà un Premier ministre qui annonce d’autres mesures supplémentaires en complément à celles déjà énoncées par le chef de l’Etat, ajoutant à la longue liste «la fermeture, dès hier minuit, de tous les lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays, comme les restaurants, les cafés, les cinémas», et de l’autre, l’on maintient, dans ce climat de peur larvée, un scrutin porteur de périls sanitaires évidents.
Se pourrait-il qu’Emmanuel Macron n’ait pas pris la mesure de l’alerte maximale déclarée partout, pariant sur une organisation d’un vote sans encombres, ou plus grave encore, s’agirait-il de cynisme et de purs calculs politiciens pour sortir vainqueur d’un scrutin que tout le monde a prédit être une déroute historique du parti présidentiel.
M. S.
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