Nouvelle vague de racisme anti-algérien en France à cause du coronavirus
Par Mohamed K. – «La France est gangrenée jusqu’à l’os par le coronavirus. Il est encore temps pour vous. Le dernier ferry affrété par la compagnie maritime Algérie Ferries met à sa disposition son dernier navire, le Tariq Ibn Ziyad. En Algérie, seuls six cas ont été enregistrés. Vous imaginez l’ampleur de la chance que vous avez en quittant à jamais la France ? Choisissez vos pays respectifs, cessez de porter tous vos espoirs sur la France. Elle n’a plus la force, la volonté et la richesse de vous supporter !» C’est par ce message provocant qu’un média ultranationaliste s’est adressé aux Algériens après la propagation fulgurante du Covid-19 en France.
La pandémie du coronavirus a réveillé les vieux démons du racisme et de la xénophobie et exacerbé la haine de l’Algérien chez les nostalgiques de l’Algérie française qui ont cru voir dans les bousculades constatées dans les différents aéroports et ports français une fuite généralisée des ressortissants d’origine algérienne établis en France. «Il ne vous sert à rien de respecter le mètre de distance avec les Français. Mettez plutôt la Méditerranée entre eux et vous si vous voulez sauver votre peau. Et, là-bas, maintenant et pour une fois dans votre vie de minables que vous avez été chez nous, faites fonctionner vos neurones, réveillez-vous. Il n’y a pas que le foot à célébrer et vos drapeaux à exhiber sans vergogne sur les Champs Elysées», lit-on dans un pamphlet au vitriol, qui trahit la rancœur d’une frange de la société française, minoritaire certes, mais active.
«Gueulez, gueulez toujours plus fort pour imposer à votre gouvernement qu’il affrète d’autres bateaux pour Marseille. Un bateau ne suffira pas, vous le savez !» ironise encore l’auteur de la diatribe raciste qui interpelle le président français pour qu’il «laisse rentrer les paquebots algériens jusqu’à ce que la majorité d’entre ces gens, qui se foutent éperdument de la France et qui ne pensent qu’à la sucer pour perpétuer leur vie de parasites, aient définitivement quitté le sol de notre patrie».
Les extrémistes français ne ratent aucune occasion pour imputer les problèmes que vit la France, comme l’ensemble des pays du monde, à la communauté émigrée, en s’acharnant tout particulièrement sur les Algériens dont l’écrasante majorité concourt pourtant au bien-être des Français, grâce aux milliers de médecins, d’ingénieurs, de professeurs et de chercheurs formés gracieusement par l’Algérie et aux simples ouvriers qui, durant les Trente Glorieuses, ont participé à la reconstruction de la France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et à la naissance d’une industrie florissante qui a fait de l’ancienne puissance coloniale une des plus grandes puissances économiques mondiales.
Les Chinois, dont le pays vient de dépêcher son personnel médical et d’envoyer des aides dans plusieurs pays d’Europe durement éprouvés par la pandémie, ont subi, eux aussi, une vague de racisme sans précédent qui les a obligés à lancer une campagne avec le slogan «Je ne suis pas un virus».
M. K.
Comment (72)