Pourquoi l’Algérie doit recourir au confinement avant d’atteindre 50 morts
Par Nabil D. – Un expert a expliqué que l’Algérie «doit recourir au confinement de la population avant que le nombre de morts du coronavirus atteigne la barre des 50». Le bilan actuel est de 17 morts et 201 cas diagnostiqués, selon le chiffres officiels, actualisés à l’heure où nous rédigeons ces lignes. Cet expert, qui a effectué une étude comparative entre l’Italie, la France et la région de Hubei, en Chine, qui comptent des populations comparables, soit entre 60 et 65 millions, a lancé une alerte aux Algériens auxquels il conseille de saisir la chance qui est entre leurs mains avant qu’il soit trop tard, car l’Algérie peut encore inverser la tendance.
Selon des observations au 19 mars, basées sur les données officielles enregistrées par l’université John Hopkins du Maryland, aux Etats-Unis, l’expert a analysé les courbes de données pour comprendre leur évolution et le nombre de morts, en fonction du temps dans les trois régions où l’épidémie a déjà frappé. «Pour savoir ce qu’il se passe en Algérie, nous devons voir ce qu’il s’est passé en début d’épidémie dans les régions concernées», a expliqué ce statisticien. «A Hubei, après les premiers décès, le nombre de morts augmente rapidement pour atteindre le nombre de 100 en une vingtaine de jours. Même configuration en Italie et en France. Dans les trois cas, le nombre de morts évolue de façon très similaire. Ces données permettent de dire qu’au début de l’épidémie, l’évolution du nombre de morts suit une loi exponentielle», a-t-il fait remarquer.
«Le nombre de morts double en 2,3 jours. Ce qui est énorme», explique encore l’expert, qui souligne qu’«en se concentrant sur la barre des 50 morts, on constate qu’on atteint ce chiffre après 16,5 jours. Mais 2,3 jours plus tard, on passe de 50 à 100, soit le double. 4,6 jours plus tard, le nombre de morts passe à 200. En un mois, 2 500 morts et au bout de 35 jours, on atteint 10 000 décès», constate-t-il. «C’est pourquoi il faut agir vite», met-il en garde, en estimant que «l’Algérie a une chance inestimable» parce que «l’épidémie arrive avec un important délai par rapport aux trois régions citées» et «elle peut donc s’appuyer sur leurs expériences pour la gérer au mieux».
Avec chiffres à l’appui, l’expert précise que «l’évolution du nombre de morts sur plusieurs semaines dans la province de Hubei a été fortement ralentie et s’écarte de la loi exponentielle». «Ceci, explique-t-il, a été possible car la province de Hubei a décidé à partir de 50 morts d’appliquer un confinement extrêmement strict, idem en Italie, mais c’est malgré tout une courbe qui augmente très vite, si bien qu’il faudrait s’attendre à ce qu’en Italie le bilan dépasse largement celui de la province chinoise». Selon lui, la différence entre les deux tient au fait que la procédure de confinement n’a pas été appliquée au même moment de l’épidémie, l’Italie ayant mis en place le confinement après avoir atteint 500 morts. En France, les mesures de confinement ont été appliquées lorsque le nombre de morts a atteint environ 150. «Il est aujourd’hui trop tôt pour voir l’effet de ces mesures, mais on peut s’attendre à ce que le bilan soit plus faible que celui enregistré en Italie, mais plus élevé que celui de Hubei», note l’expert.
«Ces courbes nous donnent deux informations importantes : la première, c’est que l’Algérie a une chance, celle de pouvoir limiter le nombre de victimes ; la seconde, c’est qu’il faut saisir cette chance tout de suite car, au-delà des 50 décès, l’accélération de l’épidémie risque de devenir incontrôlable, chaque jour qui passe sans confinement augmentant de 35% le nombre de victimes», conclut l’expert dans un enregistrement vidéo.
N. D.
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