Aberrations algériennes face à la grave propagation de l’épidémie du Covid-19
Par Nabil D. – Plusieurs aberrations ont été constatées dans la gestion de la pandémie du coronavirus en Algérie. En effet, la découverte du premier cas, un ressortissant italien travaillant sur une base pétrolière dans le sud de l’Algérie, n’a pas été suivie de mesures restrictives urgentes pour endiguer la maladie dès son apparition. D’erreur en aberration, aussi bien les autorités que les citoyens ont sous-estimé la gravité de la situation, ignorant sans doute le degré de contagiosité extrêmement élevé du germe pathogène qui venait d’être révélé par les scientifiques chinois.
Du côté des officiels, préoccupés par les problèmes politiques et économiques auxquels ils ne trouvent pas de solution, la pandémie avait été prise à la légère et aucune mesure sérieuse n’avait été envisagée en amont pour empêcher une propagation rapide de l’épidémie, bien que l’expérience des pays les plus durement touchés, à savoir la Chine et l’Italie, au départ, permettait déjà de penser une stratégie préventive précoce pour juguler la maladie avant qu’elle atteigne les proportions actuelles et menace de se répandre rapidement, maintenant que le virus s’est installé dans le pays.
L’Algérie a trop attendu et le climat de terreur actuel aurait pu être évité si les mesures adéquates avaient été prises au bon moment. Or, au regard de ce que nous voyons à travers les images diffusées sur les réseaux sociaux et sur les outils de propagande du pouvoir, il s’avère qu’aussi bien les tenants du pouvoir que les citoyens n’ont toujours pas assimilé les règles à suivre dans ces circonstances particulières où le monde entier affronte le même ennemi invisible.
Il en est ainsi des chaînes de télévision interviewant des intervenants qui donnent des leçons sur le coronavirus et sur les méthodes à suivre pour éviter d’être contaminé, tout en étant quasiment collés au journaliste qui leur tend un micro non protégé, de nombreux individus postillonnant ainsi et créant une colonie de germes. Des scènes invraisemblables, qui montrent des agents de la station du Caroubier, à Alger, tester des passagers entassés comme des sardines, collés les uns aux autres avant d’accéder à la gare, ont ébranlé plus d’un. Les médias qui ont relayé ces images avaient été missionnés pour prouver aux Algériens que l’Etat a mis en place les dispositifs nécessaires pour les protéger.
Il en est ainsi également des citoyens et des autorités qui s’adonnent à des opérations de désinfection et de nettoyage conjoncturels, qui rappellent l’épidémie de choléra qui avait choqué les Algériens et avait failli mettre tout le pays en quarantaine si la maladie n’avait pas connu une courbe descendante rapidement. Des appels à nettoyer les rues sales avaient été lancés et les citoyens avaient alors «découvert» que l’hygiène était une nécessité absolue. Une fois l’épidémie disparue, les villes et les quartiers étaient redevenus des dépotoirs à ciel ouvert.
Autre aberration, la police a été mobilisée pour appeler les Algériens à rester chez eux, gyrophares, sirènes et haut-parleurs à l’appui, dans des rues déjà vides, pendant que les caméras des chaînes de télévision inféodées au pouvoir multiplient les reportages qui montrent les forces de l’ordre faisant des descentes dans des hangars achalandés de produits de première nécessité, stockés par des «commerçants malveillants», pour créer la pénurie et provoquer une hausse des prix. Sauf que d’aucuns ont remarqué que ces saynètes ne sont que de grotesques simulations à travers lesquelles les metteurs en scène trahissent un amateurisme carnavalesque en ces temps de convulsion.
N. D.
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