Guterres : «Si le coronavirus mute en Afrique il y aura des millions de morts»
Par Karim B. – «Nous sommes encore dans une courbe exponentielle», a affirmé le secrétaire général de l’ONU, dans une interview à France 24, ce vendredi. «Si on ne fait pas un effort coordonné partout dans le monde pour briser cette évolution, c’est-à-dire une stratégie de suppression de la transmission, partout, d’une façon coordonnée et organisée, le risque encouru est la propagation, surtout dans les pays les moins munis de systèmes de santé, et la propagation du virus sans limite qui peut atteindre 60, voire 70% de la population, cela veut dire des millions de personnes infectées et des millions de morts», a averti Antonio Guterres. «C’est ce qu’il faut éviter à tout prix et cela exige une concertation efficace entre tous les pays», a-t-il dit.
«La maladie est en train de se développer rapidement aussi en Afrique. L’épidémie qui a commencé en Chine, puis en Corée, en Iran, en Europe et maintenant aux Etats-Unis, va vers le Sud très rapidement. A la différence que dans les pays africains et les autres pays du Sud, il y a très peu de capacités de réponse des points de vue médical et économique», s’est inquiété le secrétaire général des Nations unies qui a évoqué le chiffre astronomique de 3 000 milliards de dollars pour faire face à la pandémie, dans un premier temps. «Aussi, a-t-il insisté, il faut absolument faire de l’Afrique une priorité de la communauté internationale. Cela veut dire un investissement massif qui nécessite une mobilisation gigantesque, une priorité absolue.»
«Nous sommes encore, à ce stade de la pandémie, capables d’éviter le pire, mais sans cette mobilisation gigantesque, je crains qu’on ait en Afrique des millions et des millions de personnes infectées. Et même si la population est plus jeune que dans les pays les plus développés, il y aura nécessairement des millions de morts», a-t-il mis en garde, en soulignant que «dans une situation comme celle-là où le virus se transmet sans limite, les risques de mutation sont plus grands». «S’il y a mutation, tout l’investissement que nous sommes en train de faire pour les vaccins sera perdu», craint-il. «Alors, la maladie reviendra du Sud vers le Nord», a encore alerté Antonio Guterres, convaincu qu’il y va de l’intérêt des pays du Nord «de faire cet investissement massif en Afrique». «Cela appelle une logistique que le G20 pourrait coordonner pour permettre ce mouvement massif d’équipements et de ressources financières», a-t-il suggéré.
«On a eu hier la réunion du G20 qui représente 80% de l’économie mondiale. Il faut que ces pays travaillent non d’une façon isolée, non avec une stratégie que chacun définit, mais d’une façon absolument coordonnée sous l’orientation de l’Organisation mondiale de la santé, non seulement pour briser cette évolution mais, aussi, pour trouver ensemble des traitements et des vaccins et les mettre au service de toute l’humanité», a conclu le secrétaire général de l’ONU.
K. B.
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