Instruction aux médias de cesser de couvrir le procès de Sellal et Ouyahia ?
Par Mohamed K. – Des sources proches du dossier des anciens membres du gouvernement jugés actuellement se sont interrogés sur les raisons qui ont poussé les médias pro-pouvoir à ne plus se focaliser sur les procès en cours des ex-Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, ainsi que l’ensemble des ministres et des hommes d’affaires emprisonnés et jugés dans ce que le pouvoir appelle pompeusement «lutte sans merci contre la corruption».
Ces sources indiquent que les médias lourds se sont brusquement détournés de ces affaires qui occupaient le devant de la scène depuis le déclenchement du mouvement de contestation populaire dans ce qui s’apparentait à une propagande orchestrée par les tenants du pouvoir réel pour amadouer les citoyens, en faisant accroire à une volonté des résidus du système Bouteflika d’opérer les changements exigés, vainement, par la rue.
Pour des observateurs avertis, ce changement de cap en douce a été encouragé par la propagation de l’épidémie du coronavirus dont la survenance est perçue comme une véritable bouée de sauvetage pour le régime. Voyant que les parodies de jugements contre les «oligarques» n’ont donné aucun résultat et qu’elles n’ont pas atténué la colère des citoyens qui, au contraire, va en grandissant, les stratèges du pouvoir ont décidé de «tourner cette page» et de faire oublier ces procès qui, à la longue, produisent un effet opposé à celui escompté par ceux qui les ont ordonnés.
Un changement de cap rendu nécessaire, aux yeux du pouvoir, par la perte de confiance totale des citoyens envers l’appareil judiciaire qui continue, en parallèle, à emprisonner des militants politiques et des journalistes de façon arbitraire. Une approche qui frise la schizophrénie et qui se retourne forcément contre ses artisans. Selon nos sources, le pouvoir va tout faire dans les jours et les semaines à venir pour éviter que s’effondre un des piliers essentiels sur lequel il fonde son hégémonie et sa survie. Auquel cas, le pouvoir aura perdu la façade qui lui permet de justifier ses abus et sa tyrannie.
La «mise au point» du procureur de la République suite au scandale retentissant du procès expéditif de Karim Tabbou est un signe qui ne trompe pas. Il trahit la peur qui s’est emparée des instigateurs de toute cette machination judiciaire depuis la déchéance de Bouteflika et qui cherchent ainsi à détourner l’attention de l’opinion publique dans l’hypothétique espoir de lui faire oublier cette grave dérive pour laquelle les coupables payeront un jour ou l’autre.
M. K.
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