Les Al-Saoud peinent à vendre leur pétrole : vers le retour au bédouinisme ?
Par Mohamed K. – Des raffineries des Etats-Unis et d’Europe commencent à refuser le pétrole saoudien, même gratuitement, car leurs capacités de stockage sont atteintes, y compris par tankers qui ont vu leurs prix de location s’envoler, indiquent de nombreuses sources médiatiques américaines. L’Arabie Saoudite a du mal à se débarrasser de son pétrole et d’autres pays pétroliers commencent à subir les conséquences de ce repli du marché, comme en Afrique où l’Angola et le Nigeria commencent à brader leur pétrole.
«Les raffineries des Etats-Unis et d’Europe refusent d’acheter des volumes supplémentaires de pétrole à l’Arabie Saoudite, même si les prix ont baissé», a rapporté le Wall Street Journal, citant des sources informées qui relèvent, par ailleurs, que la Russie a, elle, réussi à «réorienter ses approvisionnements vers la Chine où la demande de pétrole se redresse».
Les Al-Saoud ont joué avec le feu, en décidant de casser les prix en croyant pouvoir ainsi gagner des parts du marché russe, en particulier dans certaines parties de l’Europe. Une démarche hasardeuse qui, non seulement a conduit à une chute brutale des cours, impactant tous les pays producteurs, dont l’Algérie, mais a créé des surstocks que l’Arabie Saoudite n’arrive plus à écouler.
Une situation qui s’ajoute à une grave crise économique en Arabie Saoudite qui a poussé les autorités saoudiennes à envisager – qui l’eût cru ? – des mesures d’austérité pour faire face à une situation que cette richissime monarchie du Golfe n’a jamais été contrainte d’affronter depuis la découverte des premiers gisements, qui ont transformé la Péninsule arabique de l’état de tribus bédouines à celui de région dont les ressources financières gigantesques engrangées grâce aux hydrocarbure ont fait un acteur majeur sur la scène internationale, au point de faire partie du G20 qui concentre, à lui seul, 80% des richesses mondiales.
Il sera difficile aux Al-Saoud de surmonter cette crise inédite, qui risque de chambouler la géostratégie mondiale à cause de l’ennemi invisible qu’est le Covid-19. L’arrogance de la monarchie saoudienne en prend un coup et une persistance de cette crise qui a révélé au grand jour la fragilité des pays dont la richesse ne tient qu’à une seule ressource.
Les Al-Saoud vont-ils revenir à leur vie nomade après plus de 70 ans d’exubérance dans un pays qui compte les plus grandes réserves de pétrole prouvées dans le monde – 267 milliards de barils – mais qui ne trouve plus de débouchés à son seul moyen de survie fastueuse ?
M. K.
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