Graves accusations des magistrats contre Zeghmati et les services secrets
Par Mohamed K. – Les magistrats emboîtent le pas aux députés et se rebellent contre le ministre de la Justice et l’Etat profond, incarné par les officines secrètes qui tirent les ficelles derrière le rideau pour provoquer le chaos dans le pays. En effet, le Syndicat des juges a rendu public un communiqué virulent suite à l’information faisant état de l’arrestation d’un procureur-adjoint à Tiaret pour «divulgation d’informations». Les magistrats accusent carrément des officines secrètes d’avoir fomenté cette cabale pour semer la zizanie au sein de la corporation.
Autant les médias à la solde du pouvoir se sont empressés de diffuser la nouvelle de l’interpellation du procureur-adjoint en question, autant le communiqué du Syndicat des juges a été occulté sur ordre des services secrets en charge de la propagande et qui dirigent les chaînes de télévision privées et les médias gouvernementaux dans l’ombre.
Dans leur communiqué au vitriol, les magistrats dénoncent, en des termes sévères, un complot contre un des leurs dont ils affirment qu’aucune preuve n’a été constituée qui justifie l’arrestation de ce docteur en droit, auteur de plusieurs ouvrages et connu pour son intégrité et sa rectitude. Selon le Syndicat, ce dernier a été maintenu en garde à vue, en flagrante violation de la loi et sur injonction de cercles qui cherchent à provoquer une pagaille générale dans le pays.
Selon des sources informées, un autre magistrat a également été inquiété à Oran pour les mêmes chefs d’accusation. Toujours selon ces mêmes sources, le journaliste installé en France auquel le procureur-adjoint à la cour de Tiaret aurait divulgué des renseignements a affirmé n’avoir aucune relation avec ce dernier et qu’il n’a jamais rien reçu de lui. Une version corroborée par le Syndicat national des magistrats qui révèle dans son communiqué qu’aucune preuve à charge n’a été trouvée par les enquêteurs qui ont saisi son téléphone portable et son ordinateur.
La colère des magistrats était dans l’air. Après avoir lancé un premier mouvement de grève avant d’y renoncer après un accord salarial passé avec le ministère de tutelle, les juges commencent à ressentir la pesanteur des injonctions qui les empêchent d’accomplir leur mission constitutionnelle avec l’honnêteté que dictent la gravité et la lourdeur de la responsabilité qui est la leur et à prendre la mesure de l’exaspération profonde des citoyens face à leur obéissance aveugle aux ordres qui leur parviennent par téléphone.
Un nouveau débrayage n’est pas à exclure, et une telle action, qui devrait durer dans le temps, pourrait chambouler les calculs des tenants du pouvoir et, sans doute, pousser – ou encourager – le président Tebboune à se débarrasser des boulets qu’il a hérités de Gaïd-Salah et qui font obstacle à toute solution sérieuse pour sortir le pays de son interminable crise.
M. K.
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