Grâce présidentielle pour 5 000 prisonniers : les détenus d’opinion exclus
Par Mounir Serraï – Le président Abdelmadjid Tebboune a décrété aujourd’hui une grâce présidentielle pour 5 037 détenus, tous relevant du droit commun. Après vérifications, il s’avère qu’aucun détenu d’opinion, ni politique n’est concerné par cette mesure exceptionnelle répondant à une exigence de l’OMS de réduire substantiellement la population carcérale afin d’éviter la propagation de l’épidémie dans les prisons.
La grâce décrétée par Tebboune concerne les individus condamnés définitivement dont il ne reste de leur peine que douze mois ou moins à purger, ainsi que ceux dont il ne reste de leur peine que dix-huit mois ou moins à purger. La grâce touche également les détenus, condamnés définitivement, dont l’âge est égal ou dépasse 60 ans dont la peine à purger ne dépasse pas 24 mois.
Ainsi donc, le président Tebboune tourne le dos aux revendications du Hirak, qui ne cesse d’appeler à la remise en liberté de tous les détenus d’opinion dans ce contexte de crise sanitaire due à la propagation du coronavirus. Le Hirak s’appuie dans sa revendication sur les recommandations de l’OMS.
Depuis sa décision salutaire de suspendre les marches pour contribuer à la lutte contre le Covid-19, le Hirak réclame de la trêve de la part du pouvoir qui continue d’arrêter et de mettre en prison des militants du Mouvement populaire pacifique que le président Tebboune, lui-même, qualifie de «béni». Des observateurs s’interrogent sur ces mesures et les raisons qui font que le pouvoir maintienne, malgré la crise sanitaire, la détention provisoire pour des dizaines de détenus d’opinion.
Pour le vice-président de la LADDH, qui ne cesse de réclamer de véritables mesures d’apaisement du pouvoir, la gestion opaque et autoritaire de la crise sanitaire ne fait qu’aggraver la crise politique et la défiance à l’égard des autorités.
M. S.
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