Irresponsabilité face au coronavirus : le coup de gueule d’un médecin algérien
Par Dr Abderrahmane Cherfouh – Neuf grands hôpitaux européens viennent de lancer un message de détresse adressé à leurs gouvernements les invitant à prendre les mesures qu’il faut pour faire face à la pandémie qui fait des ravages dans leurs pays. Ils demandent, entre autres, l’urgence d’un approvisionnement continu en médicaments. Neuf grands hôpitaux européens ? Oui ! Cela se passe en Europe, un continent développé qui dispose de tous les moyens que tout le monde connaît et qu’il est inutile d’énumérer. Ces hôpitaux européens avouent en toute modestie et humilité leur incapacité à faire face à ce fléau ravageur si les autorités ne réagissent pas à temps pour leur venir en aide.
La question qui me taraude l’esprit et que tout un chacun doit se poser est la suivante : comment vont faire les pays sous-développés, en Afrique, en Amérique latine et centrale, au Moyen Orient, en Asie pour contenir cette pandémie si les grands pays européens trouvent des difficultés ? Il n’est un secret pour personne que ces pays sous-développés sont sous-équipés en matière de santé et sont dépourvus des moyens les plus élémentaires, ne serait-ce que pour essayer de limiter les dégâts. Triste et amère réalité ; il n’y a plus rien à cacher !
L’Algérie qui, malheureusement, fait toujours partie des pays sous-développés, est mal outillée pour assurer une bonne prestation aux malades contaminés, n’étant pas prête à combattre sur le terrain cette pandémie qui a mis à nu toutes les tares de notre système de santé et dont les principaux responsables n’ont rien fait pour encourager la mise en place d’une médecine de qualité. Pourtant, ce n’était pas les moyens financiers qui manquaient.
Maintenant, la pandémie est là et nous a frappés de plein fouet. Comment vont faire nos responsables illégitimes et mal élus pour endiguer cette pandémie dévastatrice et face à laquelle les pays les plus nantis éprouvent des difficultés énormes ? Comme toujours, dépassés par les événements et complètement perdus, ils ne savent pas comment résoudre ce problème. Ils vont adopter la même stratégie et la même tactique : essayer de gérer cette situation par le mensonge et l’hypocrisie comme d’habitude. Par mauvaise foi et incompétence, ils sont en train de prendre des décisions qui dépassent la raison et l’entendement.
Les citoyens, abandonnés, livrés à eux-mêmes, crient leur détresse et leur désarroi aux quatre coins de l’Algérie qui, au-delà de leurs difficultés de tous les jours, déplorent le manque de transparence qui a toujours caractérisé les dirigeants illégitimes de notre pays. Pourtant, le corps médical, toutes spécialités confondues, les forces vives de la nation, les citoyens de tous bords répètent depuis des années que le secteur de la santé mal géré est à l’agonie et va à la dérive. Mais les décideurs n’en avaient cure, le développement du secteur de la santé en Algérie ne les intéressait pas. A quoi bon, puisque la quasi-majorité des tenants du pouvoir ne fait pas confiance aux praticiens algériens, marginalisés, dévalorisés, sous-estimés ?
Face à un Etat qui a érigé la corruption en institution, qui a établi une justice et une presse aux ordres, on peut facilement percevoir le désarroi du peuple désorienté, déboussolé, désabusé, trahi, mal-gouverné et qui ne sait plus à quel saint se vouer devant la déliquescence de ses lois, de la petitesse de ses dirigeants et la décrépitude de ses infrastructures. Le secteur de la santé en est la parfaite illustration.
Sur ce terreau fertile de l’industrie de la propagande, de la démagogie, du clientélisme et de la médiocrité a poussé une pléthore de pseudo-experts, des charlatans sans scrupule, sans honneur, sans personnalité, sans dignité. des hâbleurs qui infestent à longueur de journées des plateaux de télés poubelles, ne sachant faire autre chose que d’invectiver et de hurler. Des médiocres sortis du néant qui gravitent autour du système.
A. C.
(Montréal)
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