Les médias français passent sous silence la «convocation» de Driencourt
Par Nabil D. – Les médias français n’ont ni relayé ni commenté la convocation de l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, par le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, pour, a-t-on expliqué, l’inviter à «museler» la chaîne officielle du Quai d’Orsay France 24 qui «multiplie les informations mensongères et hostiles à l’égard de l’Algérie». Une tempête dans un verre d’eau ? Oui, répondent des sources qui notent que cette énième bisbille entre Alger et Paris va se dissiper plus vite qu’on ne le pense.
Le ministère des Affaires étrangères semble ne pas avoir voulu faire trop de vague, en ne diffusant pas l’information à l’ensemble des médias et en se contentant de briefer quelques médias triés sur le volet pour éviter que la nouvelle s’ébruite par d’autres canaux, notamment les réseaux sociaux.
Cette nouvelle querelle entre l’Algérie et la France fait suite à la déclaration d’un «spécialiste» algérien établi en Espagne, souvent invité par France 24 à faire bénéficier la chaîne de ses «éclairages» sur la situation en Algérie. Mais il s’avère que le choix des intervenants est orienté et ces derniers sont sollicités selon la direction du vent, c’est-à-dire en fonction de la température des relations entre les deux pays.
Or, il est difficile de ne pas voir dans cette nouvelle passe d’armes entre Alger et Paris une relation avec la récente arrestation du journaliste Khaled Drareni, correspondant de Reporters sans frontières (RSF) et d’une chaîne de télévision publique française en Algérie. Le sort réservé au journaliste militant actif du Hirak n’a visiblement pas été du goût des Français qui perçoivent dans la décision arbitraire des autorités algériennes une nouvelle pique à l’adresse de l’ancienne puissance coloniale dont on croyait qu’elle avait tourné la page après la dernière visite de Jean-Yves Le Drian dans notre pays. Un déplacement qui, pensait-on, devait aplanir les différends nés des discours ouvertement anti-français d’Abdelmadjid Tebboune durant sa campagne électorale et du soutien franc de la France au mouvement de contestation populaire à ses débuts, avant de tourner casaque.
Les rapports en dents de scie qui lient l’Algérie et la France sont partis pour une nouvelle période de froid qui sera suivie par un rapide dégel à la faveur des intérêts économiques et commerciaux qui transcendent les considérations liées aux droits de l’Homme.
N. D.
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