Ces médias étrangers qui font trembler les tenants du pouvoir en Algérie
Par Abdelkader S. – La convocation de l’ambassadeur de France à Alger par le ministre des Affaires étrangères à cause de la ligne éditoriale de la chaîne du Quai d’Orsay France 24, jugée hostile au régime en Algérie, trahit un agacement des tenants du pouvoir actuels qui peinent à «enterrer le cadavre», comme disent les spécialistes de la cyber-réputation dans leur jardon. Perturbés par une dizaine d’influenceurs qui multiplient les «révélations» puisées auprès de sources qui semblent tapies au cœur même des institutions de l’Etat, les nouveaux dirigeants civils et militaires font face à une salve d’informations qui n’arrangent pas leurs affaires.
Au moment où les autorités algériennes «sermonnaient» Xavier Driencourt en lui demandant de museler France 24, Tribune de Genève révélait au grand jour une autre information qui a eu l’effet d’un séisme sur les réseaux sociaux. Le journal suisse a jeté un pavé dans la mare au moment même où le pouvoir à Alger s’échine à prouver aux Algériens que la page du règne de Bouteflika est tournée et que l’ère de l’ancien président-roi caractérisée par la «gabegie» et «l’accaparement des avantages par la nomenklatura» est révolue.
Or, nous apprend le média helvétique, le secrétaire général du ministère de la Défense nationale se trouvait dans un hôpital suisse au moment où les Algériens combattent le coronavirus avec les moyens du bord et au moment où des malades souffrent d’une prise en charge médiocre dans les établissements hospitaliers locaux, démunis des moyens les plus élémentaires. Le général Abdelhamid Ghris a, disent des sources informées, pris les commandes du ministère de la Défense nationale après la mort de l’ancien vice-ministre en décembre dernier. Il chapeaute toutes les directions centrales au sein du MDN.
Le pouvoir a les nerfs à fleur de peau. Hier, deux journalistes ont été entendus par la gendarmerie pour un article sur le nombre de victimes du coronavirus en Algérie. Dès la mise en garde lancée par Tebboune lors de son intervention télévisée contre la «désinformation», deux «poissons» ont été pêchés comme pour impressionner l’ensemble de la corporation déjà tétanisée depuis la prise du pouvoir à la hussarde par Ahmed Gaïd-Salah en avril 2019.
Il n’y a pas de doute, le pouvoir panique.
A. S.
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