La presse italienne catégorique : Haftar serait sur le point de jeter l’éponge
Par Mourad R. – Il y a un an, jour pour jour, Khalifa Haftar lançait son offensive sur la Tripolitaine pour en déloger le Gouvernement d’union nationale présidé par Fayez Al-Sarraj et surtout reconnu par la communauté internationale, le but déclaré étant celui de restaurer l’autorité de l’Etat sur chaque parcelle du territoire libyen et mettre fin au diktat des milices.
Depuis, c’est la désillusion dans les deux camps, la guerre fratricide a creusé d’énormes fossés entre citoyens du même pays et l’impression acquise au fil des mois est que les milieux qui ont planifié la destruction du pays en 2011 jouent clairement sur un autre registre.
Un expert italien nous disait la semaine dernière que le réveil est brutal pour certains protagonistes du «printemps libyen» qui, déçus, ont désormais mûri la conviction que les véritables décideurs n’ont aucun intérêt à la stabilisation de leur pays et à l’émergence d’un Etat fort et unitaire, régi autour d’un gouvernement démocratiquement élu, préférant et de loin la gestion d’un chaos fécond, donnant libre cours à la spoliation à grande échelle des richesses de leur pays.
Quant à Khalifa Haftar, puisque c’est de lui qu’il s’agit, des milieux à Rome, au fait du dossier, le décrivent comme gagné par une certaine lassitude, ayant probablement pris conscience des limites de son action, d’autres le disent même malade, sans successeur désigné et sur le point de jeter l’éponge.
Le quotidien Il Fatto Quotidiano, proche de l’actuel président du Conseil, Giuseppe Conte, et du chef de la diplomatie, Luigi Di Maio, et également du Mouvement des 5 étoiles, citant des sources fiables et recueillant des impressions sur la situation sur place de l’ambassadeur italien à Tripoli, Giuseppe Buccino, n’excluent pas un retour aux Etats-Unis pour l’octogénaire d’Ajdabiya ou encore une retraite cairote ou tunisoise, négociée au préalable dans le cadre d’un «tout indivisible».
Une option qui, murmure-t-on, aurait été discutée à New York et ferait partie du mandat confié à l’ambassadrice Stephanie Williams, représentante spéciale par intérim et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye, en charge depuis le 11 mars du dossier pour le compte de l’ONU.
En attendant, la nomination du successeur de Ghassan Salamé et la désignation à ce poste d’un diplomate chevronné pourrait faire aboutir très rapidement ces tractations d’autant que le temps presse et qu’un nouvel ennemi pointe à l’horizon, le coronavirus, avec en toile de fond un système de santé libyen pratiquement en ruine et mis à mal par dix ans de guerre. Ce qui fait craindre des lendemains dramatiques pour un peuple déjà otage d’un processus de normalisation qui n’en finit pas de démarrer.
M. R.
Comment (29)