Ce que cache la réaction concertée mondiale des Etats contre le Covid-19
Par Mesloub Khider – Depuis plusieurs années, dans les multiples publications scientifiques, les virus à couronne ou coronavirus sont analysés. Il ressort de ces études, rédigées par les infectiologues et virologues, que les virus à couronne existeraient depuis au moins l’Antiquité. Cependant, ces virus ont la particularité d’évoluer et de muter. Autre particularité, ces virus peuvent frapper les oiseaux comme d’autres animaux de ferme ou sauvages, mais aussi les humains. Les familles des coronavirus spécifiques affectant l’homme sont répertoriées depuis longtemps. On peut citer le Sars, le Mers et aujourd’hui le Covid-19. Ce dernier partagerait 70% des propriétés du Sars et 95% avec le coronavirus de la chauve-souris. Régulièrement, ces différents virus affectent, de manière saisonnière, quelques régions du monde, provoquant le décès de nombreuses victimes, sans avoir été détectés comme avoir succombé au coronavirus. Ainsi, les coronavirus sont une grande famille de virus provoquant des maladies pouvant aller d’un simple rhume à des pathologies sévères.
Autrement dit, depuis toujours et fréquemment, l’humanité, quelque part dans une région du monde, est frappée par l’une des formes de ces virus, autrement dit les coronavirus.
Une chose est sûre : la communauté scientifique mondiale, les autorités médicales internationales (OMS), comme les gouvernements de tous les pays étaient informés de la menace d’une épidémie liée à l’une des formes de ces coronavirus. Particulièrement vrai depuis la crise du Sars. En effet, au début du XIXe siècle, le Sars (syndrome respiratoire aigu sévère) a été la première maladie grave et hautement transmissible à émerger en 2002-2004. Cette première épidémie à coronavirus avait déjà, dans une planète transformée en marché d’échanges multiples et en espace de grande mobilité, provoqué des répercussions économiques déstabilisatrices. De même, cette épidémie du Sars avait déjà soulevé des interrogations sur la capacité des gouvernements à mettre en œuvre une gestion sanitaire de grande ampleur pour enrayer la propagation du virus. En 2012, une seconde alerte épidémique s’était déclarée avec l’apparition du Mers-CoV signalé en Arabie Saoudite.
Depuis l’apparition de ces épidémies, de nombreux rapports scientifiques ont alerté les autorités étatiques sur la menace d’une épidémie liée à ces virus. Pour parer à toute propagation du virus, comme moyens prophylactiques, parmi les préconisations, les scientifiques recommandaient l’usage massif du dépistage et le port des masques. Ainsi, toutes ces menaces virales étaient connues de tous les Etats. De même, sur le fondement des recommandations de l’OMS et des scientifiques, tous les Etats étaient informés sur la nécessité d’investissement dans la recherche afin de développer des vaccins, sans oublier l’investissement dans les infrastructures hospitalières, les équipements médicaux, pour assurer une rapide et efficace prise en charge médicale dans l’éventualité du surgissement d’une épidémie.
Or, comme on le constate dramatiquement aujourd’hui, aucune politique de santé préventive n’a été instituée. Des années durant, l’ensemble des Etats ont délibérément ignoré les recommandations des scientifiques et refusé de développer une politique de santé systématique et préventive. Au contraire, au nom de la rigueur budgétaire, ils ont procédé au démantèlement du secteur hospitalier.
Pour le capitalisme, les dépenses de prévention sont «improductives» – c’est-à-dire ne produisent pas de profit. Aussi, l’Etat, organe de domination de classe, alloue-t-il un financement dérisoire à ce poste budgétaire jugé comme «stérile».
En vérité, sans la réaction des autorités chinoises consécutivement aux premiers cas infectés par le coronavirus en décembre 2019, les autres Etats auraient continué à ignorer l’épidémie du virus. En effet, dès l’apparition du virus, le gouvernement chinois a alerté l’OMS et les pays occidentaux. Preuve de l’indifférence de la majorité des gouvernements devant l’épidémie du récent coronavirus, il aura fallu attendre le mois de mars 2020 pour qu’ils réagissent par de timides et expéditives mesures sanitaires dérisoires. Sans l’investissement scientifique et logistique des Chinois, on n’aurait jamais pu identifier la souche de ce dernier virus, ni mesurer la gravité de la contagiosité de ce virus ni sa létalité exceptionnellement élevée.
Et pour quels motifs les gouvernements de la majorité des pays se sont finalement résolus à réagir au mois de mars 2020 ? Est-ce, dans un sursaut d’humanité, pour sauver les populations de la pandémie du Covid-19 ? Absolument pas. Selon certaines informations, les classes dirigeantes de la majorité de pays ont été prises de panique à la fin du mois de février, après avoir reçu les premiers rapports confidentiels catastrophiques sur les multiples cas de personnalités politiques et économiques infectées par le coronavirus (ministres iraniens, Premiers ministres canadien, britannique, etc.). Mais surtout sur les scénarios apocalyptiques en cas d’absence de mesures sanitaires urgentes. Aussi, faute d’infrastructures hospitalières substantielles et d’équipements médicaux disponibles, dans l’improvisation et l’affolement, se sont-ils résolus à opter pour le confinement des populations. Ainsi, jusqu’à la dernière minute, les gouvernants ont délibérément sous-estimé la gravité de la contagiosité et de la létalité du coronavirus. Comme ils ont toujours ignoré la menace de l’épidémie annoncée, pourtant depuis des années, par les scientifiques et les autorités médicales.
Ces dirigeants se sont crus immunisés contre le coronavirus, comme ils ont longtemps cru qu’ils étaient immunisés contre le virus de la contestation de leurs respectifs peuples, ces derniers mois enfin réveillés de leur longue léthargie. De là s’explique cette réaction concertée mondiale des gouvernants, matérialisée par la mise en œuvre précipitée de mesures de confinement généralisé appliqué contre les populations suspectées de se révolter contre l’incurie criminelle de leurs dirigeants, responsables de l’hécatombe virale. Ainsi, jusqu’à l’extrême gravité de la pandémie du Covid-19, les classes dirigeantes se sont montrées, d’abord indifférentes, puis incompétentes. Aujourd’hui, faute de neutraliser le coronavirus, elles ont préféré séquestrer les populations.
Pour avoir longtemps ignoré les alertes des scientifiques sur la menace d’épidémie, pour avoir pensé que les coronavirus n’affecteraient que les populations pauvres et vulnérables, les gouvernants vont devoir affronter la propagation contagieuse du coronavirus jusqu’au dans leurs luxueuses résidences pourtant bunkérisées, leurs hautes tours en verre, leurs palais présidentiels, leurs châteaux. Mais surtout ils vont devoir affronter la multiplication et la dissémination du virus des révoltes sociales des peuples meurtris, séquestrés, opprimés.
«Tout homme qui en séquestre un autre, qui le torture et l’humilie, mérite d’être qualifié de crapule, qu’il soit un brigand, un militant, un représentant de la loi ou le dirigeant d’un Etat», Amine Maalouf.
M. K.
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