Le complot émirati contre le choix de l’Algérien Lamamra en Libye se précise
Par Karim B. – Le complot ourdi par les Emiratis et leurs alliés égyptiens et marocains pour empêcher la désignation du diplomate algérien Ramtane Lamamra en Libye se précise. Bien que quatorze pays sur les quinze que compte le Conseil de sécurité aient approuvé le choix du secrétaire général des Nations unies, Abu Dhabi a tout mis en œuvre pour déquiller l’ancien ministre des Affaires étrangères et imposer un ancien ministre jordanien de l’Intérieur plus proche des thèses émiraties dans le conflit libyen.
Le régime d’Abu Dhabi, censé être un allié de l’Algérie si l’on en croit les visites trop fréquentes qu’y effectuait l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général Gaïd-Salah, et celle, plus récente, de son successeur, a réussi à convaincre les Etats-Unis de bloquer la nomination de Ramtane Lamamra. En effet, selon The Hill, c’est bien Washington qui a opposé son veto à la confirmation du choix fait par Antonio Guterres. Bien que Trump ait fait part de son peu d’enthousiasme quant à un engagement poussé de son pays dans la crise libyenne parce qu’embourbé dans les dossiers irakien, syrien et iranien, il n’en demeure pas moins que son administration a fini par «fourrer son nez» dans l’affaire libyenne, en s’alignant sur son allié émirati qui voit d’un mauvais œil une gestion de la crise libyenne sous les hospices de celui que The Hill décrit pourtant comme un diplomate «bien considéré dans la région et dans le monde comme un pacificateur pratique, y compris dans les cercles diplomatiques américains pour avoir entretenu des liens positifs avec Washington».
«Récemment, Lamamra a été commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité (2008-2013) et ministre algérien des Affaires étrangères (2013-2017), et vice-Premier ministre du gouvernement de transition post-Bouteflika. Il a également été ambassadeur en Ethiopie, à Djibouti et aux Etats-Unis. Avant sa nomination à Washington, il était le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies», rappelait le journal en ligne américain en février dernier, qui estime que les Etats-Unis doivent rapidement permettre la confirmation de Ramtane Lamamra car il est le candidat idoine. «Si sa non-désignation officielle est due à un lobbying étranger, Washington doit alors exiger qu’un candidat qui réponde au mieux à ses intérêts soit proposé ou alors se retirer et ne pas bloquer celle du diplomate choisi par Antonio Guterres», relève The Hill.
La question se pose de savoir quelle est l’attitude de l’Algérie vis-à-vis de ce problème. Les autorités algériennes soutiennent-elles le choix de Ramtane Lamamra ou l’ont-elles lâché pour ne pas offusquer l’omnipotent émirat dont l’influence sur le pouvoir en Algérie est décriée par les millions de citoyens qui manifestaient depuis plus d’une année contre le régime avant que l’épidémie du coronavirus ne sursoie à leur mouvement de contestation pacifique ou, encore, parce que Lamamra serait étiqueté injustement comme faisant partie de l’ancien cercle présidentiel ?
K. B.
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