Un compagnon de lutte de Fersaoui témoigne sur le jour de son arrestation
Par Mounir Serraï – Après l’annonce de la condamnation à une année de prison ferme du président du Rassemblement action jeunesse (RAJ), l’un de ses compagnons de lutte, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), revient dans un témoignage sur le jour de son arrestation. Dans son témoignage publié sur sa page Facebook, Salhi souligne que l’arrestation de Fersaoui Abdelouahab au rassemblement de solidarité avec les détenus du Hirak s’est faite par des «agents en civil».
«Le jeudi 10 octobre 2019, à 12 h 30, devant le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger, des agents en civil nous ont encerclés. Ils nous ont suivis et ont pris Wahab. Lui, d’un regard un peu surpris de tout cet acharnement contre son association et contre lui, leur a répondu calmement, dignement, sans résister, sans crier, ni les supplier», affirme Salhi. Cela avant de poursuivre en affirmant qu’il leur avait dit qu’il était bien Fersaoui Abdelouahab, «tellement sûr de lui, de sa cause, en militant engagé pour l’Algérie et pour la liberté».
«Les agents en civil nous ont demandé, à Adila et à moi, qui étions en sa compagnie, de ne rien tenter (filmer ou crier)», souligne encore Salhi, qui enchaîne en précisant : «Moi, défenseur des droits humains, j’étais abasourdi et figé devant cette scène d’arrestation de ce grand militant de la démocratie.»
Saïd Salhi continue en affirmant qu’il se consolait en se disant au fond de lui que la justice finira par triompher. «Aujourd’hui, poursuit-il, je me rends compte de toute ma naïveté. Après avoir purgé 6 mois de prison, voilà que la justice l’enfonce encore en le condamnant pour une année de prison ferme. Un autre coup difficile à supporter.» «Quand on se rappelle de tous les rêves, les espoirs suscités, partagés pour une Algérie démocratique et des droits humains, on constate que le chemin s’avère encore plus long et rude qu’on le pensait», dit encore Salhi pour qui «le pouvoir a opté pour le pourrissement de la situation».
«Car, explique-t-il, en ces temps du corona, nous assistons à la contrerévolution, le pouvoir profite de la trêve observée par le Hirak pour embastiller des militants du Mouvement populaire pacifique qui ont porté haut et fort les aspirations et les voix du peuple pour le changement du système».
«Cette répression, conclut-il, qui vise à saper le moral des militants et du peuple, ne fera que renforcer cette conviction de l’impératif du changement du système, toujours pacifiquement.»
M. S.
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