Des experts avertissent : le confinement fera plus de morts que le coronavirus
Par Mesloub Khider – Selon toute probabilité, la stratégie de lutte contre la pandémie adoptée par la majorité des pays va causer plus de morts que le coronavirus. «La mortalité mondiale pourrait très bien augmenter à cause de la désorganisation du monde que provoquerait un confinement général prolongé. Le remède risque d’être pire que le mal», a écrit dans Le Figaro Renaud Girard, spécialiste de la géopolitique.
En effet, du fait de la politique de confinement décrétée dans de nombreux pays, doublée de la paralysie des économies nationales, les conditions sociales des populations vont considérablement se dégrader, avec comme risque à court terme le déclenchement d’une pénurie alimentaire catastrophique dans les pays pauvres. Renaud Girard indique : «Les récessions économiques diminuent l’espérance de vie. La très grande majorité des Etats de la planète ne bénéficient pas d’un Etat-providence soignant les malades gratuitement. Beaucoup de familles appauvries par la crise devront renoncer à recevoir des soins (pour tant d’autres pathologies) qu’elles auraient pu payer en temps normal (…). Le péril le plus grave est la déstructuration des chaînes d’approvisionnement de produits agricoles, paralysées par le confinement des pays exportateurs», conclut-il.
Au final, si le Covid-19 achève sa course pandémique naturelle par la mise à mort de quelques centaines de milliers morts, le confinement et l’arrêt économique provoqueraient politiquement, quant à eux, le décès de dizaines de millions de personnes. Le confinement aura été pire que le coronavirus. Une chose est sûre : le Covid-19 ne perturbera pas le taux de mortalité mondiale pour l’année 2020. Soixante millions de personnes décèdent chaque année dans le monde. Majoritairement, les victimes seront toujours des personnes âgées ou pathologiquement fragiles. En revanche, l’après-coronavirus sera fatal aux populations jusqu’à présent en bonne santé.
Ainsi, du fait de l’incurie des classes dirigeantes, responsables de la défaillance du système de santé, le monde, faute d’allaitement médicamenteux, a été condamné à l’alitement économique. Le système économique dominant, incapable de protéger les populations du coronavirus, est réduit à leur infliger le bannissement domiciliaire.
Cette aberration a été entretenue par la peur de la mort. Cette mort naturelle dont beaucoup avaient oublié l’existence tant les cimetières ont déserté les villes. L’éloignement des tombes de la vue des citadins a fait oublier son éternelle présence. Le surgissement d’un microscopique virus invisible aura rendu la mort visible, prévisible, inévitable. L’Homme moderne se croyait protégé par la science (criminelle), la médecine (vénale). La «civilisation capitaliste» se croyait immortelle. Comme l’a écrit C.-J. Hopkins, depuis l’apparition du coronavirus : «Ils se sont embarqués dans la guerre contre la mort.» Seulement, en tentant, par des moyens de fortune, d’éviter la mort, le système s’est infligé un traumatisme mortel. Notamment par le confinement pénitentiaire, comme s’il voulait condamner l’humanité à la pénitence pour expier ses errances, suppléer ses carences.
A vouloir éviter la mort naturelle causée par le virus, le système nous entraîne dans l’hécatombe sociale et le carnage économique. Le confinement aura ruiné l’économie mondiale, détruit des millions d’emplois, anéanti les relations sociales, paupérisé des millions de personnes, occasionné un nombre incommensurable de suicides, de dépressions, rempli les hôpitaux psychiatriques, amplifié les violences domestiques, accentué l’addiction des enfants aux jeux, aggravé la solitude, etc. Or, contre le Covid-19, seules des mesures médicales ciblées peuvent soigner le malade sans endommager le corps social, endiguer la propagation sans entraîner la désorganisation de la société, protéger la population sans occasionner la déstabilisation économique, notamment par le dépistage systématique de masse, l’isolement et le soin des personnes contaminées, l’équipement des hôpitaux en lits et en respirateurs, la distribution de masques à la population, etc. Ces défaillances sanitaires, ces déstabilisations socio-économiques causeront davantage de morts par malnutrition que le coronavirus, en particulier dans les pays pauvres.
Les classes dirigeantes, certes, vaincront la mortalité du coronavirus, mais au prix du massacre de la vie de toute l’humanité ou de l’humanité de la vie. Car la vie post-coronavirus ressemblera à une vallée de larmes, un cimetière social, un charnier économique, un marécage politique, un cloaque relationnel, une géhenne existentielle.
Du moins, cette effroyable perspective est plausible dans l’éventualité de l’absence de réaction des peuples meurtris et opprimés. En vérité, nous sommes à la croisée des chemins, dans une époque de transition de la société humaine. Ou c’est la descente dans l’abîme de la barbarie ou c’est le triomphe de l’humanité régénérée. Une régénération à accomplir collectivement, mais nullement dans le cadre du maintien du modèle actuel, ni avec les représentants gouvernementaux de ce système, responsables des malheurs du peuple.
M. K.
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