Pétition de la famille du général Toufik pour la libération de l’ex-patron du DRS
Par Houari A. – La famille du général Mohamed Mediene dit Toufik a lancé une pétition pour demander la libération de l’ancien patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS). «Nous demandons la libération du détenu politique et d’opinion le général de corps d’armée à la retraite et ancien moudjahid Mohamed Mediene, connu sous le nom de général Toufik, âgé de 79 ans, qui a été injustement condamné à 15 ans de prison par la justice militaire pour avoir répondu à une invitation afin de donner son avis sur la situation de crise politique que traversait le pays», lit-on dans le texte mis en ligne ce jeudi. «Le général Toufik a servi pour la défense et la sécurité de l’Algérie pendant 57 ans au sein de l’ALN/ANP, dont 25 ans comme chef des services de renseignements sous l’autorité de cinq présidents de la République», rappelle sa famille.
Le général Toufik a été condamné dans une affaire montée de toutes pièces par l’ancien chef d’état-major de l’armée qui cherchait à se venger de celui qu’il considérait comme son rival au sein du pouvoir. Gaïd-Salah avait l’ancien patron du DRS dans son viseur depuis la maladie de Bouteflika en 2013. Il lui tient rigueur pour avoir demandé à l’ex-Président impotent de quitter le pouvoir et de ne pas briguer un quatrième mandat. Mais Gaïd-Salah ne l’entendait pas de cette oreille, considérant, à juste titre, que la fin de Bouteflika signifierait la sienne. Dès sa désignation au poste de vice-ministre de la Défense nationale, Gaïd-Salah a fait du général Toufik sa cible principale.
C’est Gaïd-Salah qui avait actionné l’ancien secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, et l’ancien député Baha-Eddine Tliba pour mener une campagne enragée contre celui qui était affublé du titre excessif de «rab dzayer» (dieu de l’Algérie). Légaliste jusqu’au bout, le général Toufik a toujours refusé d’entrer dans le jeu de Gaïd-Salah, ni de répondre à ses provocations et à ses manœuvres dont il avait, on le constate avec le recul, sous-estimé le préjudice non seulement sur sa propre personne mais sur le pays tout entier. Les premiers signes de l’animosité viscérale et vengeresse de l’ancien vice-ministre de la Défense étaient perceptibles dès sa prise de fonction au travers de décisions puériles, à la hauteur de son niveau intellectuel bas, telles que la perfide fermeture d’une salle de sports dans laquelle l’ancien patron du DRS avait pour habitude de faire de l’exercice physique ou encore l’interdiction aux éléments de l’ex-DRS d’accéder au siège du ministère de la Défense nationale par l’entrée principale.
Quand la lutte des clans s’est exacerbée au sommet de l’Etat, à l’approche de la fin problématique du quatrième mandat de Bouteflika, le frère du Président sortant s’était tourné vers l’expérimenté général Toufik, dans le cadre de consultations élargies à de nombreuses personnalités civiles et militaires, pour essayer de trouver une issue à la crise. Une démarche dans laquelle Gaïd-Salah entrevoyait sa fin au cas où le clan adverse contrarirait ses plans qui visaient à maintenir Bouteflika au pouvoir, même sous la forme d’un cadre qui finira par mettre le feu aux poudres.
L’acharnement de Gaïd-Salah contre ses anciens chefs et ses anciens collègues au sein de l’armée revêtait un caractère personnel, faisant que l’argument du «complot contre l’Etat» est un abus de pouvoir flagrant rendu possible grâce à la soumission d’une justice militaire aux ordres.
De nombreux officiers de haut rang ont été arbitrairement condamnés et emprisonnés sur injonction directe de l’ancien chef d’état-major. La mort de ce dernier, son remplacement par le saint-cyrien Saïd Chengriha et l’avènement d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir n’ont pas permis de réparer cette grave injustice.
H. A.
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