Les fils de Gaïd-Salah révèlent la fortune de leur père en jouant aux mécènes
Par Nabil D. – Les chaînes de télévision à la solde du pouvoir ont été missionnées pour relayer à grands renforts de propagande une action «humanitaire» de «la famille de Gaïd-Salah» en faveur des familles déshéritées de la wilaya de Blida, sévèrement impactée par le confinement dont elle a été la première à y être astreinte. Les relais médiatiques habituels montrent de gros camions dans l’imposante enceinte du stade du 5-Juillet, chargés de cargaisons qui se chiffrent à plusieurs milliards destinées à «aider les pauvres citoyens qui n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins».
Les fils de Gaïd-Salah et les cercles qui ont monté cette opération médiatique révèlent ainsi la véritable fortune de l’ancien chef d’état-major, salarié de la Fonction publique qui ne peut, en aucun cas, assurer une telle charge si ce n’est à travers les pratiques douteuses dont avait parlé l’ancien député Baha-Eddine Tliba, qui a ouvertement accusé ses ex-associés de tremper dans des affaires illégales. On sait que Gaïd-Salah a une boulangerie dans l’est du pays et qu’il a toujours imposé son pain aux casernes de la région, sans jamais passer par des soumissions comme le stipulent les lois de la République piétinées et malmenées par celui qui martelait qu’il veillait à leur respect par tous et qu’il mènerait une guerre sans merci contre la corruption et la prévarication.
L’ancien député, aujourd’hui emprisonné, a révélé les biens accaparés par les fils de Gaïd-Salah dans la wilaya d’Annaba où ils faisaient la pluie et le beau temps, «un peu comme la progéniture gâtée de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi», ironise une source qui voit dans cette mascarade surmédiatisée une tentative de réhabilitation posthume de Gaïd-Salah dont les héritiers risquent sérieusement d’être inquiétés, d’autant que des sources informées ont indiqué à Algeriepatriotique que les commandes de pain que l’ancien homme fort de l’armée entre 2004 et 2019 imposait par la menace et l’intimidation ont été interrompues et que les suppliques de ses fils auprès des autorités actuelles ont été vaines. Nos sources avaient révélé également que les services de l’urbanisme de la ville d’Annaba ont enjoint aux fils de Gaïd-Salah d’arrêter les travaux d’extension de la villa de l’ancien chef d’état-major.
Cette action s’assimile clairement à un blanchiment d’argent sous couvert d’aide humanitaire. Car, comment expliquer qu’un salarié du ministère de la Défense nationale, fût-il vice-ministre, peut assumer les frais d’une telle cargaison avec sa seule pension de retraite dont bénéficie désormais son épouse ? Il faut s’attendre à une volée de bois vert de la part des citoyens qui ont montré, par leur réaction hostile à l’appel de Tebboune de participer à l’effort financier pour la lutte contre le coronavirus en les exhortant à verser leurs contributions dans deux comptes ouverts pour ce faire, à quel point le fossé s’est encore élargi entre les tenants du pouvoir et la population blasée par les discours populistes, les promesses sans lendemain et le recours abusif à la répression et à la privation de liberté.
N. D.
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