Un citoyen écrit au président Tebboune : «Soyez au-dessus de la mêlée !»
Par L’hadi – Quelle que soit l’opinion qui met en doute votre capacité à garder la maîtrise des événements ni des arrière-pensées, de moins en moins dissimulées, qui conduisent certains membres de la société à contester votre légitimité comme à déplorer votre détachement vis-à-vis des problèmes intérieurs, l’essentiel est de répondre à l’inquiétude et à l’insatisfaction des Algériennes et des Algériens car la pire chose qui puisse arriver à notre pays, c’est l’effondrement général qui se produit lorsque les citoyennes et les citoyens cessent de croire en leurs propres dirigeants.
Le bouleversement du paysage politique qui en a résulté et les circonstances de votre élection vous donnent encore une conscience plus aiguë des devoirs et des responsabilités qui s’imposent à vous pour les cinq années à venir. De la même façon, en ces temps difficiles pour la nation algérienne, vous devez être plus que jamais le Président d’une Algérie rassemblée autour de ses idéaux et sachant tirer parti de ses différences. Votre rôle serait de mieux la protéger encore de tout ce qui peut la diviser, l’isoler, la réduire ou la détourner de sa véritable identité.
Votre plus grand défi que vous devez affronter est donc celui de l’unité du pays. A nul autre moment de l’histoire de l’Algérie, il n’a été à ce point crucial que le peuple algérien œuvre dans le même sens. L’Algérie a besoin d’un Président rassembleur qui met l’accent en affirmant que l’élection présidentielle n’a pas vu la victoire d’une Algérie contre une autre, ni d’une région contre une autre, ni d’une idéologie contre une autre, ni d’un clan contre un autre, mais la victoire d’une Algérie qui veut se donner les moyens d’entrer forte et unie dans le troisième millénaire.
Cette ambition n’a rien de démagogique ou d’artificiel. Elle se fonde, en effet, sur la conviction qu’une de vos missions premières est bien de privilégier en toute circonstance la cohésion nationale, et non les facteurs d’affrontement et de divisions qui ne pourraient qu’affaiblir ou retarder la nation algérienne vers un destin meilleur.
La cohésion nationale implique que vous devez assumer toutes les prérogatives que la loi fondamentale de la République vous octroie et dont la mission première, au jour d’aujourd’hui, serait de faire usage de votre droit de grâce qui consiste à affranchir, sans exception et bien entendu sous conditions draconiennes, tous ceux et celles qui, d’une manière ou d’une autre, à un moment donné de leur vie politique, économique; sociale ou culturelle, ont contribué à balafrer le visage de l’Algérie. C’est à ce prix que notre pacte républicain peut être non seulement sauvegardé, mais aussi enrichi et consolidé face à tout ce qui peut contribuer, de divers côtés, à le menacer.
Oscillant entre le mauvais et l’exécrable, la situation du pays ne peut rester indéfiniment sur une pente descendante. Par voie de conséquence, le temps est venu de prendre des décisions fortes, courageuses afin que les haines, les divisions, les manipulations, les querelles de chapelle, les nuits de cristal et les procès de Nuremberg aillent en s’effaçant.
Vous êtes le président de la République garant de tout ce qui fait l’histoire, le destin, l’âme de la nation, mais vos prérogatives vous font aussi obligation de vous engager pleinement dans la conduite des affaires du pays en vertu de cette relation directe que vous êtes le seul à détenir avec le peuple tout entier. En vous plaçant plus que jamais au-dessus de la mêlée, votre légitimité de chef de l’Etat vous confère une liberté de jugement, d’appréciation et de décision qui vous permet de mieux cerner les attentes de nos compatriotes et de se faire, par là même, l’interprète de leurs espoirs et de leurs inquiétudes. En fin de compte, le rassembleur dont ils ont besoin, le seul de leur dirigeants qui ait vocation à incarner la nation tout entière.
Au jour d’aujourd’hui, les intérêts les plus élevés de la nation algérienne exigent que gouvernants et gouvernés fassent la paix des braves qui éclaire le chemin du modèle de vie en commun qu’il nous faut continuer à bâtir pour être forts dans ce monde de globalisation politiquement et économiquement injuste.
Je ne crois pas qu’une telle ambition courageuse soit désuète. Bien au contraire, c’est une attitude positive et optimiste et une juste compréhension des relations humaines qui, tel un soleil, diffuse le bonheur et le réconfort sur sa famille, ses amis, donc sur la société tout entière et, in fine, sur l’Algérie. Un Etat fort, c’est aussi une nation rassemblée.
Je me plais, si vous le permettez, d’insister sur le fait qu’aucune nouvelle République ne peut voir le jour sans la volonté et la détermination d’y parvenir, sans la responsabilité et la lucidité qui s’y affaire, sans la sagesse et la raison que la situation impose et que l’urgence rend nécessaire ; aucune nouvelle République ne peut s’inscrire dans le temps sans les principes qui ont forgé l’identité nationale, tels que la fraternité et la solidarité nationale, la conscience citoyenne et l’humanisme reçus comme héritage, sans la paix et la stabilité que tous les citoyennes et citoyens aspirent à vivre dans cette terre d’Algérie ô combien fertile et dont vous êtes le seul garant de sa sécurité et de sa souveraineté.
L.-H.
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