Le virus infiniment petit qui trahit la faiblesse des plus puissants
Par Dr Abderrahmane Cherfouh – Coronavirus, Covid-19, vaccins, confinement, bilans, décès, guéris, contaminés, masques, tests de dépistage, distanciation sociale, chloroquine, hôpitaux, infectiologues, Chine, chômage, semoule, sont parmi les mots les plus fréquemment utilisés à l’heure actuelle. Le coronavirus, on ne parle plus que de ça à longueur de journée tout en en se confinant pour éviter d’être contaminés et de contaminer les autres. Pour le moment, le confinement est le seul moyen pour lutter contre la propagation du coronavirus. Il n’y a plus de Hirak, plus de travail, plus de sorties, plus de loisirs, plus de restaurants, plus de promenades en famille, plus d’études, plus de sport, plus rien du tout, rien que le coronavirus, encore et toujours le coronavirus. Le confinement est la seule occupation possible ces temps-ci, un invraisemblable cauchemar que nous vivons tous. Nous faisons la guerre au coronavirus en restant chez nous. Une situation inédite et ubuesque ! Nous nous cachons pour ne pas mourir et pour ne pas tuer les autres ! Le monde est devenu fou ! Un vent de folie qui vient de la Chine et qui frappe la terre tout entière de plein fouet en fusionnant le réel et le virtuel.
L’Homme n’est qu’un roseau pensant, le plus faible de la nature, disait Pascal. 7,7 milliards d’habitants sur terre sont impuissants face à un coronavirus dont la taille avoisine 5 milliardièmes de centimètres. Le coronavirus a tout chamboulé sur la terre. Il a changé notre manière de vivre et nous montre à quel point nous sommes fragiles. Il n’a pas de sentiment. Il ne fait pas de distinction entre les individus. Il traverse les frontières sans passeport ni visa. Il frappe sans pitié le plus puissant et le plus faible, le plus riche et le plus le pauvre, le vieux et le jeune. Il se fout royalement de la couleur de la peau, des origines, des convictions politiques ou religieuses.
Le coronavirus est abominable et monstrueux. Il est la cause de la mort de plus de cent mille individus, de plus d’un million de malades, de plus de trois milliards de confinés. Il a provoqué la fermeture de milliers d’usines. Il a mis à la porte des centaines de millions de travailleurs qui se trouvent malgré eux en chômage. Il a fait reporter des grandes compétitions sportives de dimension nationale et internationale. Il a fait annuler le pèlerinage pour les musulmans. Il a fait annuler les prières en groupe de toutes les religions. Il a mis à mal l’économie mondiale qui va mettre des années avant de s’en remettre.
Et ce n’est pas encore fini. L’avenir s’annonce encore plus terrifiant. Le coronavirus, c’est notre cauchemar et notre malheur commun. Il est craint et détesté. Il suscite la haine et le mépris, le dégoût et la nausée. Impossible pour un être humain d’énumérer tous ses méfaits.
Le coronavirus est incolore, inodore et insipide. Il est sans conscience. Il provoque le stress, la peur, la panique, la détresse, le désarroi, la tristesse, la séparation, la perte de confiance, l’incertitude, le vide absolu, la séparation entre parents et enfants, entre les individus, le repli sur soi.
Le coronavirus est sans âme et sans cœur. Il ne blêmit jamais, ne rougit jamais, ne fléchit jamais. Il touche à l’émotionnel et au sacré. Il provoque la distanciation sociale et nous sépare de nos amis. Il ne nous permet pas de leur serrer la main. Il nous interdit de toucher et d’embrasser nos parents, ce qu’on a de plus cher au monde. Plus de funérailles, plus de toilettes mortuaires, plus de prière pour les défunts, plus de prière pour leur salut, plus de veillées funèbres, plus personne pour soulager nos cœurs meurtris et souffrants. C’est une grande épreuve à passer pour les familles endeuillées sans solidarité familiale, sans consolation, sans personne à leurs côtés pour alléger leur peine et leur douleur. La mort est parfois une délivrance et on l’accepte, nul n’est éternel. Mais ce qui est douloureux et inhumain, c’est le fait de voir son père, sa mère ou un autre membre de la famille mourir seul, sans le voir prononcer la chahada, partir seul sans pouvoir l’embrasser une dernière fois, sans pouvoir lui dire adieu et lui demander pardon.
C’est ça le coronavirus ! Il est terrible ! Impitoyable ! Les plus grandes nations les plus puissantes du monde qui se croyaient invincibles ont été débordées par le Covid-19 qui les a terrassées et a porté un rude coup à leur système de santé devenu fragile et moribond face à la rapidité de sa propagation, de sa virulence et sa force de frappe. Il a mis aussi à nu les carences et les effets négatifs du libre-échange et de la mondialisation longtemps vantés, encouragés, vus comme la panacée pour stimuler la croissance mondiale. La rareté des masques sur le marché mondial nous a montré ces grandes nations sous leur vrai visage, ces grandes nations dites civilisées. Nous les avons vues se battre comme des chiffonniers sur le tarmac des aéroports chinois, argent comptant en main pour quelques millions de masques. A quoi leurs ont servi leurs milliers de missiles nucléaires et leur armements ultrasophistiqué ? Ces nations qui partaient à la conquête de la planète Mars en dépensant des sommes colossales mais qui sont impuissantes face à un coronavirus infiniment petit.
Et pour ne pas être en reste, nous avons appris que le roi de l’Arabie Saoudite qui s’est fait octroyer lui-même le titre pompeux de serviteur des deux Lieux saints de l’islam, s’est confiné dans un palais situé sur une île de la mer Rouge, tandis que son roitelet de fils s’est retiré lui aussi sur la côte de son pays avec une poignée de ses conseillers et ministres. A quoi leur ont servi les armements achetés aux Américains pour 400 milliards de dollars, pour bombarder et tuer civils, femmes et enfants du pauvre Yémen ? Piteux spectacle qu’ils nous offrent !
En attendant que le confinement apporte ses fruits, nos regards se tournent vers les scientifiques et les vrais chercheurs qui sont en première ligne dans le combat contre cette pandémie et qui travaillent d’arrache-pied, nuit et jour, pour trouver un vaccin capable de dénouer cette crise. Malheureusement, comme dans tous les corps de métier, il en existe d’autres chercheurs qui ne cessent d’occuper les devants de la scène, ne faisant que discourir à longueur de journée, incapables, cependant, d’apporter une lueur d’espoir. Nous pouvons citer, entre autres, les deux chercheurs français qui ont évoqué l’Afrique comme terrain d’essai pour tester un vaccin contre le coronavirus. Ils ont tenu, toute honte bue, des propos racistes et cyniques, dignes de Josef Mengele dans son laboratoire, dignes de la période coloniale, des propos choquants qui ont heurté les Africains et toutes les personnes sensées.
A. C.
(Montréal)
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