Ces secrets qui garantissent l’impunité à d’anciens militaires qui en savent trop
Par Mohamed K. – Deux anciens militaires, qui se trouvent actuellement à l’étranger, sont épargnés par le fameux mendjel (faucille) dont se vantent les moucherons qui pullulent sur les réseaux sociaux à chaque fois qu’un haut dignitaire du régime est «fauché». L’ancien patron de la Gendarmerie nationale et l’ex-secrétaire particulier de Gaïd-Salah ont pu quitter le territoire national en toute quiétude et ne sont cités dans aucune affaire dans les nombreux procès qui défraient la chronique depuis la chute de l’ancien président Bouteflika et la prise du pouvoir par son vice-ministre de la Défense nationale, mort en décembre dernier, mais dont les partisans continuent de tenir les manettes.
Le secret de cette impunité dont jouissent le général Ghali Belkecir et l’adjudant-chef Gharnit Benouira tient au fait que les deux hommes occupaient des postes qui leur permettaient d’avoir accès à des dossiers compromettants et que, donc, ils en savent trop pour pouvoir être inquiétés. L’ancien gendarme détient tous les dossiers liés aux enquêtes sur les détournements, la corruption, les indus avantages et la collusion entre les dignitaires du régime et les hommes d’affaires qui orbitaient autour de l’ancien cercle présidentiel et dont une partie se retrouve aujourd’hui derrière les barreaux. Quant à l’ex-homme de confiance de Gaïd-Salah, il est connu pour avoir été une des pièces maîtresses dans le processus mis en place par des généraux et des responsables politiques véreux pour accaparer des marchés et des biens illégalement.
Belkecir et Benouira se trouveraient actuellement dans le même pays et il est peu probable que cela soit le fait du hasard. On ne sait pas si cela leur a été conseillé par ceux qui les protègent à partir d’Alger ou si les deux acolytes ont choisi d’être ensemble pour mieux se «protéger».
Le nom de l’ancien adjudant-chef, qui était inconnu du grand public, est de plus en plus cité dans des affaires de trafic d’influence, de corruption et d’abus de pouvoir, en dépit de son petit grade au sein de l’institution militaire. Mais sa proximité avec Gaïd-Salah en a fait une sorte d’équivalent de Saïd Bouteflika aux Tagarins. L’identité de cet étrange sous-officier a été révélée par le journaliste exilé à Londres Saïd Bensedira, qui en avait fait état dans ses interventions sur les réseaux sociaux. Ce lanceur d’alerte avait révélé que le secrétaire particulier de Gaïd-Salah était tellement influent qu’il était craint, y compris par des officiers de rang supérieur au sien en raison de sa position et de ses pratiques douteuses lorsqu’il dirigeait le secrétariat de Gaïd-Salah, une mission banale devenue un moyen de pression, de chantage et d’enrichissement illicite.
Gharnit Benouira est accusé d’avoir subtilisé des effets personnels de son ancien chef et aurait fait disparaître des documents «importants», «sensibles» et «ultraconfidentiels». Nonobstant, sa demande de mise à la retraite malgré son jeune âge a été acceptée, ce qui préludait à son exfiltration pour le protéger de toute poursuite judiciaire. Le tribunal de Blida, d’habitude prompt à lancer des mandats d’arrêt à tort et à travers, n’a, étrangement, pas bougé le petit doigt.
M. K.
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