Comment la pandémie du coronavirus a divisé le monde en deux camps opposés
Par Dr Abderrahmane Cherfouh – La question qui nous taraudait l’esprit et que personne n’osait poser est la suivante : le coronavirus a-t-il été fabriqué en laboratoire ou a-t-il été transmis accidentellement à l’Homme ? Alors que le monde continue à livrer bataille avec acharnement à cette pandémie qui lui donne du fil à retordre et que les systèmes de santé mondiaux sont mis à rude épreuve et se démènent autant que faire se peut pour limiter les dégâts causés par ce redoutable virus, l’heure des questionnements a peut-être sonné.
Beaucoup de pays, à leur tête les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, ont décidé d’ouvrir une enquête sur l’origine de ce coronavirus qui broie le monde et érode sa capacité à résister. La question soulevée par cette enquête consiste à lever le voile sur les facteurs qui ont déclenché cette maladie, principalement sur son origine qui reste toujours un mystère à élucider et de déterminer si la Chine a contrevenu aux lois et aux règles établies sous l’égide des Nations unies en tolérant le commerce des animaux sauvages et en refusant d’informer la communauté internationale quand le coronavirus était à ses début et n’avait pas encore envahi le monde. Ce retard de l’information est au cœur de la polémique soulevée par ces Etats.
Depuis quatre mois, nous souffrons, nous livrons bataille sans répit contre l’incertain et l’inconnu. Le bilan est déjà désastreux, des centaines de milliers de victimes, 4,5 milliards d’individus confinés, une économie à l’arrêt, l’angoisse à n’en plus finir, un cauchemar difficile à gérer et nous ne sommes pas au bout de nos peines. Nous sommes dans notre droit le plus absolu, en tant que citoyens de tous les pays, et pas uniquement les Américains, de connaître la vérité et de chercher le principal responsable de cette pandémie. Nous devrions suivre au plus près l’évolution de cette enquête et connaître les tenants et les aboutissants de cette affaire.
D’autres questions méritent d’être posées : pris de vitesse, mal préparés avec un système de santé défaillant, poussés dans leurs derniers retranchements par ce redoutable coronavirus, les pays occidentaux sont-ils en quête d’un bouc émissaire ? Cherchent-ils à justifier leur échec et rejeter la responsabilité sur la Chine, un prétexte facile à trouver pour camoufler leur incapacité à faire face au coronavirus ?
Ces questions sèment la controverse depuis l’apparition du Covid-19 et divisent le monde en deux camps, celui qui pense que la Chine a fabriqué en laboratoire le coronavirus et celui qui pense le contraire.
Pour le premier camp, il faut mettre en lumière le point de vue des scientifiques qui est primordial. Il ne faut pas oublier que les scientifiques, de par leur rôle et pour ne pas entacher leur réputation, doivent mener des recherches solides et rigoureuses permettant de dégager des faits avérés, étayés par des données scientifiques. Ces exigences nous permettent de tirer les conclusions suivantes : que disent les scientifiques ? La quasi-majorité évoque un virus naturel présent dans les chauves-souris et qui aurait muté pour être transmis à une espèce animale, probablement le pangolin – les séquences génétiques mènent au pangolin – qui l’aurait transmis à son tour à l’Homme. Toutes ces données pointent vers un marché chinois dans la ville de Yuhan ou on fait le commerce des animaux vivants sauvages.
A l’heure actuelle, la science confirme que ce virus n’a pas été créé en laboratoire, même pas accidentellement. Doit-on se fier à la science ? Là est la question cruciale. A mon avis, oui.
Le professeur français Montagnier, un monstre sacré de la biologie et de la virologie, co-lauréat du prix Nobel en 2008 pour avoir découvert le virus du Sida, pense le contraire et sème aussi la polémique. Il atteste que le coronavirus «sort d’un laboratoire de Yuhan» et assure avoir travaillé lui-même sur le Covid-19. En fin de carrière, conspué par 120 académiciens «pour diffusion hors de ses compétences, des messages dangereux pour la santé, au mépris de l’éthique qui doit présider à la science et à la médecine», sa thèse ne fait pas autorité et n’est pas prise en considération par la communauté scientifique.
Pour le second camp, primo, en autorisant le commerce des animaux sauvages dans des marchés publics, la Chine a contrevenu à son obligation vis-à-vis de la communauté internationale pour non-respect de la Convention internationale contre le trafic des espèces sauvages qui protège le pangolin. Cette affirmation est tout à fait exacte. C’est dans ce marché qu’il y a eu la première infection du coronavirus et que ce dernier a été transmis à l’Homme par un animal, probablement le pangolin donc. En tolérant ce commerce, la responsabilité de la Chine est engagée.
Secundo, la Chine a refusé d’informer la communauté internationale au moment de l’apparition du coronavirus et a mis la sécurité sanitaire de la population mondiale en danger. En Chine, où tout se fait en catimini, ce fait est avéré. Le monde a démontré que la Chine a fait preuve d’un retard considérable en ne divulguant pas cette information très importante. Elle a eu, à maintes reprises, l’opportunité de répondre à cette question mais ne l’a pas fait pour ne pas porter préjudice à sa réputation, alors que la réalité démontre le contraire car, vue sous cet angle, sa réputation est déjà entachée.
Tercio, tous les autres arguments reposent sur des fake news, comme quoi, par exemple, «le coronavirus aurait pu s’échapper du laboratoire». Hypothèse farfelue, non étayée et non démontrée par une preuve scientifique.
D’autres hypothèses ont été avancées, mais elles ne font que rajouter à la confusion du fait qu’elles ne répondent pas à la rigueur et aux exigences scientifiques requises.
A. C.
(Montréal)
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