Réactions de dénonciation du projet de loi criminalisant les «fake news»
Par Mounir Serraï – Les réactions de critique et de dénonciation du projet de loi criminalisant la diffusion de fausses informations, notamment sur les réseaux sociaux, n’ont pas tardé.
Adopté le dimanche 19 avril par le Conseil des ministres, ce projet d’amendement du code pénal est considéré par plusieurs militants politiques et défenseurs des droits et liberté comme un «texte qui va brimer davantage la liberté d’expression déjà malmenée dans le pays». C’est le cas du vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), Saïd Salhi qui y voit un nouveau tour de vis. «Un projet qui tente apparemment un autre tour de vis contre les libertés, avec dessein de légaliser la campagne de la répression qui s’abat depuis des mois maintenant sur les militants, les activistes du Hirak, les journalistes et les défenseurs des droits humains, déjà poursuivis et emprisonnés arbitrairement sous des chefs d’inculpation farfelus lors des procès inéquitables qui ont éclaboussé la justice et qui ont suscité l’indignation générale de l’opinion publique, des militants et de la société».
«Visiblement, le pouvoir, à défaut de légitimité, cherche à se donner une nouvelle légalité pour mener à bout cette répression, en finir avec le Hirak et reprendre le contrôle de la société», ajoute Salhi pour lequel «cette nouvelle tentation autoritaire ne fera qu’exacerber dangereusement les tensions et l’exaspération face à un peuple déterminé à parachever pacifiquement son œuvre du changement du système, entamée il y a une année déjà, le 22 février 2019, et portée par un Hirak exemplaire, qui n’a cessé depuis de revendiquer le changement vers une République démocratique et authentique qui tarde à venir».
De son côté, le cadre et militant du FFS Rachid Chaibi a relevé le risque qui pèse sur la liberté de la presse et d’expression. «Avec ce projet de loi criminalisant le discours de haine – en instance au Parlement – et le projet d’amendement du code pénal que vient d’annoncer le gouvernement, le pouvoir va se donner les moyens juridiques pour criminaliser l’expression des journalistes. Ces lois visent directement la presse en ligne», a-t-il poursuivi, précisant que ces textes de loi sont «anticonstitutionnelles et remettent gravement en cause la dépénalisation du délit de presse».
M. S.
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