Un ancien détenu révèle : «Ould-Abbès marche nu, Ouyahia casse, Louh pleure»
Par Houari A. – Le jeune capitaine de la marine marchande Hamza Djaoudi, emprisonné pour avoir épousé le Hirak et dénoncé le monopole émirati sur les ports algériens, a révélé des détails sur le sort des responsables politiques et des hommes d’affaires incarcérés à El-Harrach. L’ex-prisonnier politique qui a décidé de se confier sur ses conditions de détention a précisé qu’il a côtoyé un certain nombre de condamnés, en soulignant que tous ne sont pas logés à la même enseigne.
L’ex-détenu a notamment dévoilé l’état psychologique des anciens dignitaires du régime qui est au plus bas, selon lui. Amar Ghoul est méconnaissable avec ses cheveux gris d’habitude teints en noir, a-t-il dit dans un enregistrement vidéo posté ce samedi. Ali Haddad a perdu beaucoup de poids, les frères Kouninef ne s’adressent à personne, tandis que Djamel Ould-Abbès serait carrément atteint de sénilité, au point où il lui arriverait de se déplacer tout nu, selon ce que lui aurait chuchoté un infirmier détaché au dispensaire du pénitencier.
L’ancien directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, serait, lui, sujet à des crises de colère telles qu’il aurait même cassé un poste de télévision d’un coup de poing, alors que l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh, vivraient très mal leur incarcération au point de souffrir d’une profonde déprime qui se manifesterait par des crises de larmes récurrentes.
Hamza Djaoudi, qui raconte avoir passé une veille de la fête de la Révolution mémorable, affirme que les prisonniers, à El-Harrach, ne jouissent pas tous des mêmes «avantages». «Lorsque nous avons décidé d’observer une grève de la faim à cinq, l’administration pénitentiaire nous a transféré dans un autre bloc où nous avons croisé les enfants de Hamel et de Tahkout. Je dois avouer qu’en étant isolés, leurs conditions de détention sont bien meilleures que celles de leurs codétenus entassés à quatre-vingt-dix dans une même salle», a-t-il fait savoir. Et d’admettre qu’une justice qui emprisonne en même temps des militants du Hirak et des hauts responsables et des investisseurs «ne peut pas être crédible». Il estime, en effet, qu’on ne peut pas, d’un côté, dénoncer l’appareil judiciaire pour avoir emprisonné injustement des citoyens dont le seul tort est d’avoir exprimé leur opinion, et applaudir ce même appareil judiciaire pour avoir jeté en prison les «oligarques» pour tenter d’amadouer l’opinion publique.
Le militant du Hirak a, par ailleurs, fait savoir que les détenus politiques et ceux placés sous les verrous pour crimes économiques étaient unanimes à penser que le nœud gordien était Gaïd-Salah et que les uns comme les autres croyaient que la crise serait résolue avec son départ. Mais les faits ont révélé le contraire, l’ancien chef d’état-major ayant laissé derrière lui un réseau mafieux mené par le général Wassini Bouazza dont Hamza Djaoudi affirme être l’ordonnateur direct de l’arrestation des militants du mouvement de contestation pacifique.
«La vengeance ne construit par un Etat», a conclu ce jeune ex-prisonnier politique qui appelle à une justice impartiale, seule, dit-il, à même de démêler l’écheveau et d’éviter que la vengeance prenne le dessus sur le droit.
H. A.
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