Des experts réagissent : «Le pouvoir est le premier propagateur de fake news»
Par Nabil D. – La décision du pouvoir, sur instigation du ministre de la Justice, de criminaliser la diffusion de fausses informations est un pas de plus vers le verrouillage du champ médiatique et la restriction de la liberté d’expression sous le prétexte fallacieux de «menace sur la sécurité du pays» et d’«atteinte au moral des citoyens». Mais la vérité est que le pouvoir a pris conscience de son retard criant par rapport à la nuée de blogueurs, de sites électroniques et d’adeptes des réseaux sociaux qui ont laminé ses outils de propagande désuets.
Selon des experts en communication d’influence, la réaction des tenants du pouvoir face à cette avalanche d’informations, qu’elles soient avérées ou fausses, est un signe qu’il a perdu la guerre dans ce domaine. Les milliards dépensés pour s’équiper en technologies de dernier cri pour traquer, brouiller, riposter, discréditer, etc. n’auront servi à rien, selon ces sources qui mettent en avant «l’incapacité des tenants du pouvoir à s’adapter aux nouveaux modes de manipulation des foules qui ne se limitent pas à la qualité du matériel et à la maîtrise de l’intelligence artificielle».
«Il ne suffit pas de comprendre le fonctionnement d’un système pour le rendre efficace, il faut que la mentalité suive. Or, les tenants du pouvoir appartiennent à un mode de raisonnement complètement dépassé qui fait que la bataille est perdue d’avance devant une cohorte de jeunes qui, non seulement jonglent avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication sans même avoir suivi des études poussées pour cela, mais ces jeunes ont l’avantage d’avoir l’esprit ouvert, tourné vers la modernité et résolument réfractaires à un système de gouvernance d’un autre âge», notent ces experts.
Commentant le projet de loi initié par Belkacem Zeghmati, nos sources rétorquent que «le premier propagateur de fake news est le pourvoir lui-même qui ment au peuple depuis toujours pour entretenir le régime sclérosé qui a conduit le pays à la crise profonde actuelle». «Sinon, comment qualifier, par exemple, les faux résultats de toutes les élections qui ont eu lieu dans le pays depuis l’Indépendance à ce jour ? Comment qualifier les chiffres farfelus avancés par Mohamed Charfi le 13 décembre dernier, alors que le monde entier a vu et confirmé que près de 90% des Algériens n’ont pas voté ?» s’interrogent nos sources qui soulignent que le pouvoir «n’en est évidemment pas à son premier mensonge». Revenant sur le dernier communiqué du ministère de la Défense nationale, nos sources indiquent que son contenu «confus» voire «abscons» a eu l’effet contraire puisqu’il est la preuve même que tout ou partie des informations qu’il a voulu démentir sont vraies.
Ces experts expliquent, enfin, que les fake news sont la «conséquence logique» de la rétention de l’information par le régime qui a toujours estimé qu’il était le seul à être en droit de «tout savoir» et que «moins l’opinion publique infantilisée sait, moins elle est encline à se rebeller».
«Les temps ont changé et les Zeghmati et consorts courent derrière un train qui va trop vite et qu’ils ne rattraperont jamais, ni avec des lois scélérates ni encore moins avec des fake news officielles, donc autorisées, celles-là.»
N. D.
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