Les médecins algériens ont-ils eu tort de prescrire la controversée chloroquine ?
Par Mohamed K. – La polémique bat son plein en France et dans les autres pays occidentaux dont certains médecins ont décidé d’adopter les dérivés des quinoléines comme remède palliatif contre le Covid-19. Les assurances du professeur Didier Raoult, chef du service infectiologie à l’hôpital de la Timone, à Marseille, sont contredites par d’autres médecins qui ont constaté des effets secondaires dangereux pour les patients et des résultats mitigés après avoir essayé ce protocole thérapeutique. Des malades sont décédés après la prise de l’hydroxychloroquine, tandis que d’autres ont été sujets à une aggravation de leur cas et à une détresse respiratoire compliquée.
Or, en Algérie, tout le monde sait que la médecine, depuis la formation jusqu’à l’exercice de la profession, est entièrement calquée sur l’approche française, et ce depuis l’Indépendance à ce jour, sans que les autorités sanitaires du pays aient essayé de bénéficier des expériences d’autres pays qui ont prouvé leur efficacité durant cette pandémie du coronavirus, à l’image de la Chine, de la Russie ou encore de Cuba qui ont apporté leur savoir-faire en la matière à des pays aussi développés et riches que l’Italie, l’Espagne et la France.
C’est donc par un réflexe tout à fait naturel que la médecine algérienne s’est tournée vers ce remède «miracle» qu’est la chloroquine pour traiter les cas dépistés en Algérie. Les arguments avancés par nos médecins sont repris intégralement de la littérature médicale française qui préconise ce traitement qui, pourtant, est loin de faire l’unanimité en France même. Cela s’explique, selon des sources informées, par le fait que le désaccord entre médecins français est postérieur à la décision des autorités sanitaires algériennes de recourir à ce procédé.
Mais qu’est-ce que les quinoléines et pourquoi suscitent-ils un débat aussi contradictoire ? Sans entrer dans des détails techniques qui ne concernent que les chimistes, les pharmaciens et les praticiens, les médicaments à base de dérivés de quinoléines sont des antimalariques destinés à prévenir ou à supprimer l’apparition des symptômes cliniques du paludisme. Les scientifiques précisent qu’ils se différencient selon leur rapidité d’action et leur aptitude à induire une résistance. Les dérivés des quinoléines sont la chloroquine, la quinine, la méfloquine, l’halofantrine, la lumefantrine, la pipéraquine et le proguanil.
Ces composés chimiques présentent le grave inconvénient d’avoir des effets secondaires si nombreux que leur prise est peu recommandée. Sa prise est fortement déconseillée en cas de dépression, d’anxiété généralisée, de névrose d’angoisse caractérisée par une inquiétude excessive difficilement contrôlable, d’idées de suicide et d’un comportement de mise en danger de soi-même, d’une schizophrénie, d’une psychose ou de tout autre trouble psychiatrique, d’épilepsie, de convulsions, de défaut d’insuffisance hépatique, etc.
Les dérivés des quinoléines peuvent entraîner des troubles neuropsychiatriques graves chez certains patients, lit-on dans les mises en garde inscrites dans la notice du médicament, qui conseille à ceux qui le prennent d’alerter le médecin traitant en cas de comportement inhabituel ou changement inhabituel de l’humeur, de cauchemars, de rêves anormaux, d’insomnies, de confusion mentale, de troubles de l’attention, de dépression, d’anxiété sévère, d’attaque de panique, d’agitation, de nervosité, d’agressivité, d’idées suicidaires, de paranoïa, de psychose ou d’hallucinations.
Ceci, sans compter les autres risques, également signalés dans la notice, tels que les réactions allergiques, les crises d’épilepsie, les convulsions, les problèmes cardiaques, hépatiques ou rénaux, les pancréatites, les neuropathies et les troubles visuels.
Mieux vaut-il se soigner du coronavirus en s’astreignant au repos et à une hygiène de vie stricte ou en se risquant à une tel poison aux effets ravageurs ? C’est la question que se posent les médecins désintéressés qui n’ont ni attaches matérielles avec le très lucratif complexe médico-pharmaceutique ni intérêt particulier à forcer les malades à devenir dépendants d’ordonnances de plus en plus remplies.
M. K.
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