Tebboune et Chengriha «encerclent» le général Ghris pour éviter toute dérive
Par Mohamed K. – La décision du président Tebboune de clarifier les prérogatives du secrétaire général du ministère de la Défense nationale est tombée à point nommé. Elle intervient au moment où le successeur de Bouteflika et le chef d’état-major par intérim, le général Saïd Chengriha, s’attellent à corriger les errements de l’ancien vice-ministre de la Défense nationale, le général Ahmed Gaïd-Salah, qui, fort de sa double casquette de commandant des forces armées et de membre du gouvernement, avait créé une situation anormale qui a valu au pays la crise politique profonde dans laquelle il se débat depuis l’annonce par l’ancien cercle présidentiel, dont il était le parrain, d’un cinquième mandat pour le fantomatique Président en exercice.
Les ajustements décidés par Tebboune et Chengriha étaient attendus, dans le sillage de la réforme profonde à laquelle les deux hommes s’emploient depuis la mort de l’encombrant Gaïd-Salah, mort en décembre dernier en laissant derrière lui un haut commandement éparpillé et un ministère de la Défense national éclaté en plusieurs directions érigées en mini-ministères au sein desquelles des directeurs centraux inamovibles agissaient en électrons libres, chacun tirant la couverture vers soi.
Désormais, le secrétaire général du MDN a un chef, en la personne du ministre de la Défense nationale. Fonction exercée par le président de la République auquel il doit se référer avant toute décision. Par ailleurs, le décret présidentiel publié au Journal Officiel ce mercredi sépare clairement les prérogatives du secrétaire général du ministère de la Défense nationale et celles du chef d’état-major de l’ANP, mettant ainsi fin à une ambiguïté née du monopole de Gaïd-Salah sur les deux fonctions qui a intriqué les missions de sorte que certains directeurs centraux aux prérogatives limitées ont étendu leurs tentacules à des secteurs aussi bien au sein de l’armée que dans d’autres institutions – gouvernement, justice, communication, etc. – gênant ainsi le Président, le chef d’état-major de l’ANP et le gouvernement dans leur travail.
Cette limitation des missions du secrétaire général du ministère de la Défense nationale, poste occupé par le général Abdelhamid Ghris actuellement, intervient au lendemain de changements importants opérés à la tête de plusieurs directions sensibles, à savoir le renseignement intérieur, la sécurité de l’armée et la préparation-emploi, de même que la désignation de conseillers dans le domaine sécuritaire auprès du chef de l’Etat et la nomination d’un chef des forces terrestres en remplacement de Saïd Chengriha qui devrait soit être confirmé dans son poste soit être nommé ministre de la Défense nationale de plein exercice en cédant la casquette de chef d’état-major à un officier sur lequel il aura jeté son dévolu sur la base des compétences et non plus sur celle de la loyauté, comme il l’a lui-même assuré lors de son tout premier discours prononcé devant une hiérarchie militaire au complet.
M. K.
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