Un ami de Belhimer l’appelle à méditer les cas de Hamid Grine et Khalida Toumi
Par Nabil D. – Le journaliste et écrivain Lazhari Labter a poussé un «coup de gueule» contre l’actuel ministre de la Communication, Amar Belhimer, à qui il reproche d’avoir changé son fusil d’épaule et abandonné son combat démocratique au profit d’un poste au sein du pouvoir. Dans son pamphlet, l’auteur de La Cuillère s’adresse à son ancien camarade en le tutoyant, histoire de lui rappeler leur combat commun pour la démocratie et les idéaux de gauche que l’ancien étudiant à la Faculté de droit défendait depuis son jeune âge. «Pourquoi as-tu décidé de faire le vide autour de toi ? N’as-tu pas tiré les leçons de Khalida Toumi et Hamid Grine qui ont tout perdu, estime et amis, pour un siège éjectable ?» l’apostrophe-t-il, sans ménagement.
«Je ne m’adresse pas au ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, mais à l’ami», précise l’auteur de la diatribe, selon lequel «la pire chose que puisse faire un journaliste, c’est de censurer un confrère». «Dois-je te rappeler que tu faisais partie des journalistes algériens qui avaient rendu publique la fameuse déclaration connue sous le nom de Déclaration des 70 journalistes algériens, le 10 octobre 1988, dans laquelle ils dénonçaient l’utilisation tendancieuse faite en ces circonstances graves des médias nationaux, au mépris de toute éthique professionnelle et du droit élémentaire du citoyen à l’information ?» demande encore Lazhari Labter, en lui rappelant que les signataires du document dont il faisait partie «exigeaient la libération de l’ensemble des détenus d’opinion arrêtés de façon arbitraire».
C’est cette contradiction qui a fait réagir le militant de gauche, ancien directeur des éditions chez Alpha Design. En effet, Lazhari Labter ne conçoit pas qu’un journaliste qui a milité en faveur des libertés accepte que le droit à l’information soit ainsi bafoué, alors même qu’il occupe le poste de ministre de la Communication. «Nous appartenons à la même génération et avons porté le même idéal et rêvé des mêmes lendemains couleur d’orange», lui rappelle-t-il, en lui exprimant son admiration passée, lorsqu’il était engagé «dans les luttes progressistes des peuples», pour ses écrits «dans le milieu des années soixante-dix» et ses «discours brillants de réformateur» lors des Assemblées générales du Mouvement des journalistes algériens (MJA) dont il était «l’un des fondateurs et principaux animateurs entre 1988 et 1990».
Lazhari Labter appelle Amar Belhimer à prendre exemple sur les «personnalités politiques brillantes» qui ont donné l’exemple en claquant la porte ou en s’inscrivant en porte-à-faux par rapport au système qui les a «intégrés en son sein» : «Tu aurais pu rester cet intellectuel atypique respecté comme M’hamed Yazid ou dire non comme Abdelaziz Rahabi», a-t-il conclu.
N. D.
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