Abdelmadjid Tebboune refuse d’assumer seul les tares du système
Par Abdelkader S. – Ce n’est pas pour des considérations populistes que le chef de l’Etat a demandé aux ministres de ne pas lui attribuer toutes leurs actions comme cela était de coutume sous le règne du président-roi Abdelaziz Bouteflika. «Abdelmadjid Tebboune est un enfant du système et il sait à quel point celui-ci est une machine broyeuse qui transforme le puissant aujourd’hui en bouillie le lendemain», expliquent des sources informées. «Le président Tebboune refuse d’assumer seul les tares du système dont il a fait partie, certes, mais auquel il répugne à s’identifier puisqu’il répète à qui veut bien l’entendre, depuis sa campagne électorale, qu’il adhère pleinement aux revendications du Hirak et que lui-même aspire à un changement profond du mode de gouvernance désuet actuel», soulignent nos sources.
«Abdelmadjid Tebboune avait cru utile d’exiger que fût retiré le titre pompeux de Son Excellence accolé à son prédécesseur, car il sait comment fonctionnent les rouages de l’Etat et il est pertinemment conscient que ceux qui l’affublent de tous les qualificatifs dithyrambiques et louangeurs sont ceux-là mêmes qui lui jetteront la première pierre dès qu’il aura un genou à terre et s’en détacheront en l’accusant d’être le seul responsable de tous les malheurs du pays», font remarquer nos sources qui indiquent que la flagornerie a une double arrière-pensée machiavélique : gagner les faveurs du chef et dégager toute responsabilité en cas de problème.
«C’est fort de cette expérience que le successeur de Bouteflika a encore une fois exigé qu’il ne soit plus fait référence à sa personne lorsqu’il s’agit d’assumer des décisions prises par les hauts fonctionnaires de l’Etat, chacun dans son secteur», relèvent nos sources, selon lesquelles «en agissant ainsi, le Président lâche du lest et délègue les prérogatives hyperconcentrées au niveau de la présidence de la République qui bloquaient toute la machine».
«Le chef de l’Etat n’ignore pas que la crise qui frappe le pays de plein fouet aura des répercussions complexes et dont les premiers effets commenceront à se manifester dès la fin du confinement pour cause d’épidémie du coronavirus. Le Hirak est à l’affût et attend que les mesures barrières soient levées pour reprendre son combat, les voyants économiques sont au rouge, les prix du baril ont chuté d’une façon effrayante – quand bien même le ministre de l’Energie tente de rassurer – et la situation sociale est explosive. Tous ces facteurs font que Tebboune prend ses dispositions dès à présent pour ne pas endosser les conséquences de cette situation délicate», observent nos sources qui ne cachent pas leur scepticisme quant à la capacité de l’équipe dirigeante actuelle à faire traverser au pays cette phase inédite avec un minimum de dégâts.
«Seuls la maturité et le stoïcisme des citoyens face à ces nouvelles épreuves sauveront le pays de la catastrophe», estiment nos sources.
A. S.
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