Ces impérieuses mesures de salubrité publique pour une République du mérite
Par Abdelkrim Khelifi – Aux mille et un problèmes de toutes natures récemment hérités de la bande mafieuse, organisée autour de la dilapidation systématique du pays – mission trop bien remplie –, les Algériens doivent, de plus, subir les terribles souffrances d’une grave crise sanitaire, née d’une attaque virale pandémique de grande ampleur. Economiquement affaiblie par la succession de ces deux catastrophes – même si celle du coronavirus est un fait naturel –, l’Algérie doit, dans le même temps, faire face à une très forte baisse de ses recettes pétrolières.
Sans avoir pu échapper à l’attention des dirigeants – ce pourrait-il ? –, en raison de la menace qu’elle constitue pour la stabilité globale du pays, cette préoccupante situation devrait dicter autre chose que des gestes symboliques, tels que les (re)versements au Trésor public d’un mois de salaire de quelques hauts fonctionnaires.
En effet, à côté de toutes les décisions et initiatives déjà prises ou envisagées, engagées ou à venir, le simple sentiment de communauté de destin qui anime chaque Algérien, le sens du devoir ou, même, la simple raison, imposent certainement la prise de décisions aux effets plus significatifs et plus respectueuses des forces vives de la nation et, sans doute, mieux accueillies par elles.
Au nombre des mesures à préconiser en priorité, celles qui traduisent une sincère volonté de rétribuer chacun, selon son utilité pour la communauté nationale. A cet égard, le meilleur exemple serait de décider d’une réduction importante des «rémunérations» et autres primes, relevant de la grille de la Fonction publique ou de décisions-résolutions internes de certaines institutions et autres conseils d’administration de sociétés publiques, y compris le Parlement dont chacun connaît ce que coûtent à l’Algérie les indécentes mensualités et avantages de tous ordres, que ses membres se sont «votés» au temps (bénis pour eux) des clientèles utiles, des «quotas» et du «partage entendu de la rente».
Et il ne serait que justice de voir les sommes ainsi récupérées servir à, substantiellement, améliorer les rémunérations de ceux qui travaillent et se dévouent quotidiennement au service de leurs concitoyens plutôt que de continuer à fermer les yeux sur ces bataillons d’indus bénéficiaires, espèce de «champignons saprophytes» et véritables sangsues de la République, pour certains.
L’autre côté non négligeable d’une telle mesure de salubrité publique sera l’effet positif immédiat qu’elle aura sur la trésorerie du pays, qu’elle viendra soulager.
Sans aucun doute possible, les premiers à devoir bénéficier d’une telle mesure sont d’abord toutes ces femmes et tous ces hommes, médecins, infirmiers, ambulanciers, formant cette «autre armée», engagés de jour comme de nuit aux premières lignes d’une véritable médecine de guerre, avec pour mission d’éloigner la catastrophe et d’assurer la sauvegarde du pays.
La mise en pratique, sans délai, de la mesure ainsi préconisée, dont le caractère d’urgence et la nécessité sont d’autant plus impérieux dans la conjoncture actuelle, qu’elle sera certainement perçue comme un signal fort, traduisant une réelle volonté politique d’installer une nouvelle échelle des valeurs où le mérite sera le premier des critères. Instituer la «méritocratie», valeur centrale dans toute vraie démocratie, sera une initiative de plus pour paver le chemin à la nouvelle République.
A. K.
(Retraité)
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